Froid. Depuis une dizaine de
jours les nuits étaient devenues glaciales à telles points qu’elles
décourageaient les voleurs les plus téméraires. Les rues étaient désertes, pas
même un clochard pour me tenir compagnie.
Je frottais mes mains gantées
l’une contre l’autre dans l’espoir de me réchauffer sans aucuns effets. Adossée
contre l’immense portique de pierre, j’attendais que mon contact apparaisse en
observant le ciel noir. Pas une étoile en vue. Je m’ennuyais ferme. Combien de
temps comptait-il me faire attendre encore ? J’avais acquis la marchandise
de haute lutte et j’avais même dû m’occuper de quelques cadavres ambulants.
Quelle idée aussi de mettre en place des morts en guise de sécurité ? Je
poussais un autre soupir, laissant échapper un petit nuage blanc. J’examinais ma main, remuant les doigts. Mon
poignet était encore douloureux. L’opération avait était minutieusement préparé
deux semaines plus tôt et avait faillit tourner court parce que les commanditaires
avaient omis de me fournir des détails importants. Heureusement, Improvisation
étant mon deuxième prénom, j’avais réussi à négocier un chemin à travers les
égouts de la cité. Les rats m’avaient
poursuivi une bonne trentaine de minutes avant de lâcher prise. Quoiqu’il en
soit l’opération aurait pût endommager gravement ma réputation et par
conséquence la confiance de mes clients.
Je regardais une nouvelle fois ma
montre. Laurence était en retard. C’était contraire à ses habitudes. Je voulais
mon salaire et rentrer chez moi. D’ici deux heures tout au plus, l’aube se
lèverait or j’attendais depuis vingt minutes. Vingt minutes de trop pour un
voleur. Qu’il fasse froid ou non l’immobilité faisait des gens comme moi, des
proies faciles et rien ne garantissait que le maitre des zombies n’avait pas
envoyé ses morts à mes trousses. Si on
regarde les fait d’autres étaient venus avant moi sûrement dans le but de
récupérer ce que j’étais venue moi-même chercher.
Je patientais dix minutes
supplémentaires lorsque j’entendis le bruit distinctif d’un canon de revolver
que l’on rechargeait. Je n’étais plus seule.
J’inspirais profondément et attirai l’obscurité autour de moi. Je
préférais me fondre dans les ténèbres qui m’apporteraient une certaine
protection que de demeurer à découvert à porter du premier psychopathe venu. Or ici, tout le monde
possédait des tendances psychotiques. Silencieusement, je reculai de quelques
pas et m’appuyait contre le mur de pierre. Ils étaient plusieurs et lourdement
armé. J’entendais des pas précipités, suivis de grognements.
Merde ! Des chiens de
l’enfer ! Non sérieux, pourquoi cette nuit entre toute ? La police de
l’ordre n’avait pas d’autres choses à faire ? Ils ne pouvaient pas me
voir, ni même me sentir mais les chiens de l’enfer eux, c’était une autre paire de manches. Si je ne
dégageais pas en vitesse, je ne donnais pas chère de ma peau.
En général, lorsque la police de
l’ordre apparaissait c’était mauvais signe, on pouvait être sûre qu’au minimum il y aurait un ou deux morts à
titre d’exemples et au pire un autodafé.
Avec eux dans les parages, les affaires devenaient difficiles. C’était
d’ailleurs pour cette raison que je n’acceptais que très peu de missions à
Shalion. Je n’étais pas du genre sociable et j’aurais dû mal à expliquer mes
activités nocturnes quand à la marque sur ma poitrine, je n’en parlais même
pas. Je patientais quelques minutes. Ils ne faisaient pas mine de s’avancer
dans ma direction et contrairement à leur habitude ils tentaient d’être le plus
discret possible même si c’était déjà trop tard. Grâce aux nouveaux dispositifs
vendus au marché noir, les alarmes prévenaient
de l’approche de l’Ordre à dix
mètre. Ce qui n’était pas mal. Ces petites alarmes avaient connues un tel
succès qu’elles avaient aussitôt disparu du marché. Quand à leur créateur, on
n’en entendit plus jamais parlé.
Les gens étaient calfeutrés chez
eux. Leur peur m’entourait comme un étau sur le point de m’étouffer. Tout le
monde les avait entendu arriver.
Je construisis une barrière, histoire de me
protéger de leurs émotions. Certaines comme en cet instant pouvaient être trop
intenses et je n’avais aucune envie de me retrouver engloutie par elles,
incapable de me défendre. Légalement,
j’étais une FENSP de niveau 2.8 presque 3. Littéralement cela signifiait que
j’étais une femelle douée d’empathie négative capable de ressentir les émotions
sensorielles, psychiques et physiques des autres. Contrairement à ce que l’on
pouvait penser ce n’étais pas très agréable. Certes cela pouvait aider mais la
plupart du temps je me retrouver mêlé à des situations assez remarquable et
inhabituelle. Le bon côté des choses
c’était que je n’avais pas un très bon niveau, c’était même l’un des plus bas.
Ce qui me convenait parfaitement. J’avais très tôt appris à cacher mes
véritables capacités, je n’avais aucune envie de passer le reste de mes jours
enfermé dans une quelconque cellule à servir de cobaye. C’était moi contre le
monde ou le monde contre moi. Ils étaient mes ennemis. À force de ressentir les
émotions des autres, les empathes devenaient incapable de reconnaitre ce qui
leur appartenait. Les plus puissants se perdaient totalement dans les
personnalités des autres. Au mieux ils devenaient fous et se suicidés au pire ils devenaient des monstres
psychopathes et pour les maitriser on faisait appel à la cavalerie pour les
éradiquer, soit des gens comme moi, des mercenaires.
Donc au moins je pouvais
considérer que je n’étais pas leur proie pour cette nuit. Je regardais les
bêtes aux longs poils noirs, capable de mesures presque deux mètre en
s’appuyant sur leur pattes arrières, reniflaient le sol de pierre. Les
chiens marchaient de long en large,
poussant des grognements sous l’œil attentif de leur maitre. Ils avaient pisté
leur proie jusqu’ici. Les chiens étaient d’excellents pisteurs bien que qu’à
l’origine ils aient été formés et élevés
pour tuer et faire régner l’ordre. Mais laisser à l’Ordre quelques joujoux et
on était certain qu’ils en feraient des aberrations.
Les soldats de l’ordre
s’alignèrent tout le long de la rue. Ils avaient décidé de cerner leur proie.
Ils établirent des barricades. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir. En
gros j’étais coincée ici jusqu’à ce que tout ça prenne fin.
J’escaladais le muret et me hisser
au première balcon. Je montais encore pour finalement me percher
à la fenêtre du deuxième étage de la bâtisse. Le toit pointu me fournissait un abri précaire mais
c’était mieux que rien et puis j’étais aux premières loges pour assister au
spectacle.
Quelques minutes plus tard,
l’assaut commença.
Quatre explosions se succédèrent
faisant trembler les murs autour de moi.
Les coups de feux répondirent instantanément suivit de grognements infernal. J’entendais
les hurlements. Une dizaine de personne tout au moins. Ils n’avaient aucunes
chances, pas avec un tel arsenal. Les
imbéciles avaient utilisées dès le début leurs explosifs et maintenant ils
n’avaient plus rien pour riposter. J’avais croisé des rebelles plus futés par
le passé. J’avais beau me trouver dans la ruelle adjacente, j’avais une vue
parfaite sur le massacre. Les chiens étaient occupés à bouffer leur pitance.
Ils tailladaient leurs victimes avec une joie sauvage. Une tête roula sur quelques mètres et termina sa course en
dessous de moi. Je cessais de respirer, espérant que personne n’ait l’idée de
s’aventurer jusque là. Je me coller davantage aux pierres froides et attirer
davantage de ténèbres autour de moi.
Les ombres qui se mouvaient à la
lumière des torches étaient assez
explicites en soi. J’entendis une déflagration qui fut suivit d’une intense
lumière. Je me protéger instinctivement les yeux tant s’était douloureux,
j’hissais mes boucliers et sentis l’attaque ricocher dessus. Ensuite il n’y eut
qu’un profond silence bisé par une pluie glaçante.
L’odeur de chaire brulée était
forte. Je laissais échapper un profond soupir. Ils étaient toujours là.je
tentais de bouger mais craignant d’attirer l’attention je m demeurais immobile.
Je préférais attendre qu’il n’y est plus aucuns dangers. Je déglutis. J’avais
beau être une casse-cou, je devais admettre que leur dernière attaque était
spectaculaire. Inhabituelle, improbable de leur part mais spectaculaire et
fulgurante. C’était le genre d’attaque qui n’était utilisé que dans des champs
de batailles. Avec sa portée destructrice, l’utilisée en pleine ville était de
l’inconscience pure. Cependant, ce qui m’étonnait davantage c’était la nature
même de l’attaque. De la magie, ils avaient utilisé cette même magie qu’ils
craignaient et chassaient sans relâche.
Le retour à l’auberge fut long
que je ne l’avais escompté. Jouer au chat et à la souris avec l’ordre n’avait
pas fait parti de mes projets mais bon c’était une manière de garder la forme.
J’étais rentré par la petite et
unique fenêtre que j’avais laissée ouverte. Le
jour s’était levé depuis quelques minutes et j’étais tout simplement
morte de froid et complètement trempé. Que j’ai toujours mes dents étaient déjà
un miracle en soi vu comment elles claquaient. Je posais ma besace au pied du
lit et me déshabillais. J’enfilais un pull en laine et un nouveau pantalon.
J’aurais bien voulu faire monté un bain mais mieux valait ne pas attirer trop
de monde. Je m’assis sur mon lit et coiffé rapidement mes cheveux. Heureusement je ne les portais court, une petite natte faisait généralement
l’affaire. Je démêlais mes mèches à l’aide de mes doigts et au bout de quelques
secondes, je finis par les repousser
derrière mon oreille. Je n’étais pas une femme très patiente et j’étais plutôt
sujette à des sautes d’inattention. Je
fixais la besace. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ça ? Je me
forçais à me lever malgré la fatigue qui m’écrasait. J’allais à ma table de
chevet et versé le pichet d’eau glacé dans la bassine. Je me lavais le visage
et regardais mon reflet sur la fenêtre. J’étais présentable. Je récupérais la
besace et sortis. Je descendis l’escalier étroit. Le bois crissait sous mon
poids à chaque marche. Les murs peints à la chaux étaient devenus jaunes. La
salle était bondée même à cette heure-ci. Depuis presque deux semaines que
j’étais là, j’avais vu les mêmes têtes à la même heure. Les habitués du coin. A
cinq heure trente du matin, il n’y avait déjà plus une table de libre. J’allais
au comptoir commandé un verre de lait et une galette de maïs s’il y’en avait évidemment.
Je saluais Shayleen qui me rendit
un bref signe de tête. Elle avait les mains occupées par deux tartes aux pommes
et passer une nouvelle commande au cuisinier. J’attendis sagement mon tour et
en profitais pour observer les clients. Pour la plupart c’était des
travailleurs qui venaient des bourgs voisins et se rendaient aux mines de la
ville voisine, quelques ferrailleurs et des touristes de passages.
-
Galette de maïs et verre de lait c’est ça ?
-
Oui. Il y a toujours autant de monde ici.
C’était bruyant, voir anarchique. Les clients jouaient,
buvaient et baisaient de bon matin. Ce n’était pas la meilleure auberge du
bourg mais il y avait pire. Ce n’était pas non plus le genre d’auberge où une
jeune femme pouvait se sentir en sécurité mais c’était pas mal lorsqu’on
cherchait l’anonymat.
-
On a perdu quelques clients mais ça va, on se
débrouille pas mal malgré les restrictions.
Je voulais ben la croire.
-
Ça te fera 46 Drachmes.
-
Tiens.
Je vidais ma bourse et lui tendis les piécettes, c’était tout le
restant de ma fortune. Si Laurence ne me payait pas ce qu’il me doit, je
n’allais pas pouvoir rester plus longtemps.
Six drachmes pour la galette et le lait et quarante pour la chambre.
Chère payé à mon avis vu l’état des lieux
mais comme j’avais demandé une chambre seule je ne pouvais n’en vouloir
qu’à moi-même.
Je lui frôlais la main et ne put
m’empêcher de capter quelques une de ses émotions. Elle ne m’aimait pas, ne
m’appréciait pas. Elle trouvait que je risquais de lui piquer quelques uns de
ses clients. Shayleen comme pas mal de serveuses proposaient des services
complémentaires, une manière comme une autre de compléter les fins de semaines
difficiles. J’avais beau lui avoir fait comprendre que je n’étais pas
intéressée, elle était quand même pressée que je m’en aille. Je devais admettre qu’elle était bonne commerçante et que
jusqu’à présent à part un froncement de sourcils et un reniflement elle n’avait
jamais montrée de manière évidente qu’elle ne voulait pas de moi. Evidemment le
fait qu’elle me volait éhontément était aussi un plus pour elle mais j’avais
pris le parti de ne pas chipoté sur quelques piécettes et de me taire. Mieux
vaut ne pas attirer l’attention si je voulais survivre et me récupérer mon blé.
J’étais trop faucher pour chicaner.
Je récupérais mon assiette de
galette et mon verre de lait et me trouvait un coin tranquille où je pourrais
manger sans être importuner. Je me refugiais dans le coin le plus reculé de la
grande salle et de facto le moins éclairé. J’aurais pu manger dans ma chambre
mais je craignais de manquer les dernières nouvelles du jour. Je me concentrais
sur les clients, les écouter ne me dérangeait pas. Si raconter comment ils
avaient baisé la femme de leur patron leur faisait plaisir c’était très bien
pour eux, même pour ceux qui avaient
poignardé un pauvre type qui avait eu l’audace de les regarder de
travers. On aurait pu résumer la clientèle à bande de voleur et de coupes
jarrets. Aucuns d’entre nous n’avait les
mains propre, personne n’était innocent. J’attendis quelques minutes encore,
quelqu’un parla bien d’une fusillade cette nuit mais rien d’autre. A croire que
l’événement entier avait été passé sous silence. Je grignotais un bout de
galette et but un peu de lait que je recracher aussitôt. Il avait tourné.
Dégouter je repousser le verre pour me contenter de la galette. Je n’avais même
plus faim. Je demeurais attabler un quart d’heure supplémentaire avant de me
décider à jouer les touristes.
Les rues étaient animées malgré
les températures glaciales. Il y avait bien quelques flocons de neige mais rien
qui ne durerait bien longtemps. J’enjambais les corps des mendiants qui
cherchaient à prendre encore quelques heures de sommeil avant que les gendarmes ne viennent les déloger à coup de
bastonnade. Je traversais l’allée
central jusqu’à la grande place. Les colporteurs y avaient réunies leurs
roulettes de bric à brac. C’était jour de marché. Quelques crieurs avaient déjà
commencé à ameuter les foules. Un vent un peu plus glacial me cingla le visage.
J’aurais du penser à mettre au moins une veste, j’étais frigorifiée.
Je m’aventurais à travers les
étales des marchands faisant mine d’être intéresser par une casserole ou même
un vêtement. Un moyen comme un autre pour ne pas attirer l’attention. J’effectuai plusieurs tours et détours avant
de me résoudre à me rendre au bar en face de la seule banque de la ville. La
plaque branlante à la peinture crasseuse
indiquée « Mort aux Rats ». Un jeu de mots tout indiqué lorsqu’on
savait le genre de boissons qu’ils offraient aux clients. Je n’avais jamais bu
une piquette d’aussi mauvaise qualité. J’entrais dans le bâtiment qui avait dû
connaitre des jours meilleur et était à l’image du reste de la ville. Vieux,
abandonné, crasseux.
J’entrai et attirai l’attention
de Vhal, le seul barman du lieu. La salle n’était pas bien grande, obscure,
terne avec une odeur de pisse écœurante, il n’y avait que trois clients qui
puaient l’alcool et la merde. Ils acceptaient vraiment n’importe qui ici. Je m’approchais et éviter de m’appuyer au
comptoir. Je préférais éviter les petites bestioles qui trainaient dans le
coin. Avec ses deux mètres, ses biceps sur développé et son cou de taureau, Vhal avait tout de la
carrure du lutteur, ce qu’il avait était sans doute.
-
Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
La voix du barman était grave, et
sa mâchoire déformé lui donnait une allure de boxeur.
-
Je dois voir Ludwig
Vhal me scruta un long moment. Il cherchait la faille, il
voulait savoir s’il pouvait me faire confiance, si je n’allais pas lui attirer
des ennuis et s’il pouvait me baiser après le service. Je comprenais
parfaitement ses réticences, surtout avec un métier comme le sien. Il m’aurait
demandé directement, je lui aurais répondu « Non, oui, non » aux
trois questions. Pire j’aurais même pris l’initiative de me descendre moi-même
d’une balle en pleine tête pour être sure que je ne me relèverais pas. Mais
Vhal n’était pas moi, il ignorait à quel point je pouvais être une emmerdeuse
de première, une salope sans cœur capable de vendre le premier venu pour sauver
sa peau. Je supposais que ce genre de comportement était surtout une question
d’éducation. On m’avait appris à survivre à n’importe quel prix pas la
diplomatie.
-
Pourquoi ?
-
Le dernier contrat n’a pas était honoré.
Il fronça les sourcils. Il
cherchait à éviter la rencontre.
Je plissais les yeux.
-
Quelles charges ? demanda t-il. C’était la
question habituelle.
-
Numéro s 3 ;4 ; 9 et 10, je répondis.
Je sentis les battements de son
cœur s’accéléraient. J’avais prévenu, je suis une vraie chieuse. L’homme
n’avait aucune envie de faire le nécessaire, voir de suivre la procédure. Il
pouvait voir arriver les emmerdes à dix lieues d’ici, tout comme moi d’ailleurs
mais il n’avait pas vraiment le choix. Ce serait vraiment bête que je sois
forcée de mettre l’établissement à feu et à sang. J’observais Vhal attentivement. Il avait un
fusil dissimulait juste sous le comptoir et il se tâtait pour savoir s’il
devait en faire usage ou non. A sa place, je l’aurais fait sans aucuns
remords. Il finit par se résoudre et
me tourna le dos. Il avait de vraies
couilles dis-donc. Il poussa le mur derrière lui, qui se révéla être une porte
dérobée.
-
Passe par là.
Je contournais le comptoir,
passai à quelques pas de lui. Je me penchais légèrement avec ma petite taille,
l’ouverture me convenait.
-
Allez tout droit et tourner à gauche.
-
Pas de problème je connais la maison.
Je marchais le long du corridor.
Une odeur d’égout et de merde affluait et se mêlaient aux relents d’eau sale en
provenant des égouts d’à côté. Le bar
n’était qu’une couverture pour cacher la véritable affaire. Un repaire de mercenaires à la tête de
laquelle se trouvait Ludwig qui était lui-même un ancien mercenaire.
Je le trouvais comme à son
habitude à son bureau. Le poêle était
éteint. Il faisait froid mais c’était supportable. Ludwig me jeta un rapide coup d’œil et replongea son
attention dans ses livres de comptes.
-
Je n’ai aucuns contrats pour toi actuellement.
-
Je ne suis pas venue pour un nouveau contrat.
Derrière lui, le tableau des
états de service était vide. Pas un seul
nom.
-
Les affaires vont mal apparemment ?
-
Je suppose qu’ils suivent la tendance du moment.
-
Je suppose aussi.
Je m’attendais à ce qu’il fasse
allusions à l’attaque de cette nuit mais il n’ajouta rien d’autre. Je
m’assis face lui sur la seule chaise disponible, ignorant
le fait qu’il ne m’y ait pas invité.
-
Qu’est-ce que je peux faire pour toi dans ce
cas-là ?
Ça le saoulait déjà. Dommage pour
lui, il allait devoir me supporter quelques minutes.
-
Je suis venue demander réparation pour contrat
non honoré.
Ludwig arrêta instantanément
d’écrire et releva la tête pour me fixer.
-
Tu es sûre de ce que tu avances, peut-être
est-ce un simple mal entendu ?
-
Ce n’est pas un malentendu. Le commanditaire n’a
pas honoré sa part de marché. Et puisque tu es la personne par laquelle un
mercenaire et son contractant doivent se référer à chaque transaction qui a lieu dans cette
ville , je viens donc te voir.
J’étais calme, bien trop calme et
ceux qui me connaissaient savaient qu’à ce niveau là, mieux valait ne pas
tenter de me raconter d’histoires.
-
J’ignore ce qui a pu se passer. Laurence est un
client avec lequel tu travailles habituellement. C’est d’ailleurs pour cette
raison que tu as voulu poursuivre avec lui.
-
Certes mais le marché n’a pas était honoré. Je
reproche à la guilde que tu représentes d’avoir contrevenu aux articles 3, 4 ,
9 et 10 du code des mercenaires en me vendant de fausses informations, vous
avez failli provoquer ma mort et au final je n’ai pas était payé pour mon
travail. Je demande réparation Ludwig.
Il était devenu nerveux. Son cœur
battait plus vite. Il savait quelque chose.
-
Tu te doutes qu’une enquête doit être
ouverte pour statuer sur la rupture de
contrat et la réparation compensatoire et cela à partir du moment où lors de la
signature avec le contractant tu as
accepté la close garanti et assurance.
-
- Arrête ton baratin, s’il te plait. A d’autre
mais pas à moi. Je suis depuis trop longtemps dans le métier pour que tu tentes
de m’avoir avec tes palabres. Tu es assez bien placé pour savoir qu’une enquête
n’est pas le seul moyen de régler ce genre de différents, il y a des solutions
bien plus efficaces et définitives. Raconte ça aux débutants que tu peux
entuber à loisir mais pas à moi. A moins que tu cherche à me doubler ?
Je laisser ma
question flottait dans l’aire. Histoire qu’il comprenne bien les risques que
cela lui couterait.
-
Non je ne t’ai pas doublé, ni aucuns de nous.
Il disait
littéralement la vérité mais cela ne signifiait pas pour autant que ce n’était
que la seule vérité existante.
-
Alors pourquoi n’est-il pas venu ?
-
Je l’ignore. On peut penser qu’il soit tombé
malade, qu’un accident soit arrivé ou qu’il ait tout simplement oublié.
-
Oublié ? Je ricanais. Laurence n’oublie
rien, il note tout. Il est bien trop consciencieux pour cela. Je n’ai accepté de travailler avec lui que parce qu’il était
celui qui pouvait se rapprocher le plus proche d’un type honnête, mais ça je ne
le dis pas, ni que Laurence avait dit qu’il voulait me parler de quelque chose
d’urgent. Donc dis-moi ce que tu sais.
-
Il n’y a pas grand-chose. Je ne l’ai vu que très
peu ces derniers temps. Il avait l’air assez nerveux je me suis dit que c’était peut-être lié à
l’affaire qui le préoccuper ou une histoire d’argent.
-
Il t’a dit de quoi il s’agissait ?
-
Non.
Ce que je
détestais devoir tirer les vers du nez des gens. Ludwig savait des choses et il
ne disait pas tout.
-
Quand l’as t-u vu pour la dernière fois ?
-
Hier, il m’a dit qu’il avait quelqu’un à
rencontrer.
-
Je suppose qu’il ne t’a pas dit qui ?
L’ancien mercenaire grimaça.
-
tu sais comment ça se passe ? L’anonymat
est le secret.
Oui bien sûre, je connaissais la
chanson, cela ne signifiait pas pour autant que c’était respecté à la lettre.
Voila pourquoi je préférais travailler en indépendante. Je ne faisais confiance
à personne.
-
Il avait d’autres clients à par moi ?
-
Mes gars ont toujours d’autres clients.
Je regardais autour de moi. Le
tableau vide. La pièce trop bien rangée
et nettoyer. Les armes qui avaient été décroché des murs. Tout cela n’était
qu’une mise en scène, de la poudre aux yeux.
-
Tu as égaré ta hache de guerre ?
-
Je me suis dis qu’un petit changement de
décoration ne ferait pas de mal.
J’hochais simplement la tête. Il
mentait et mal en plus. Ludwig n’enlevait jamais sa hache de guerre. C’était
une sorte de symbole qui rappelait à qui veut l’entendre comment il avait mérité les trois balafres qui lui
dévoraient le visage. Des griffes de dragon parait-il. Il était inutile que je
lui pose plus de questions sur les commanditaires avec lesquels travailler
Laurence car il ne m’en dirait rien. Il ne semblait même pas surpris de sa
disparition. En fait Ludwig donnait l’impression qu’il était sur le point de
mettre la clef sous la porte pour ne pas dire qu’il prenait la poudre
d’escampette.
-
Tout ceci est vraiment dommage. Je suppose que
tu ne peux pas me dire où se terre habituellement Laurence.
-
Non mais je peux te faire porter un message dès
que j’ai des nouvelles.
Il me prenait vraiment pour une
idiote.
-
Non ce ne sera pas nécessaire de toute façon mon
problème n’est toujours pas réglé et je souhaite recevoir ma part du marché.
Ludwig poussa un profond soupir.
Quelques secondes durant lesquelles je ne le quittais pas des yeux
s’écoulèrent avant qu’il ne se décide
enfin.
-
Très bien. Tu as la marchandise avec toi ?
Je le fixais incrédule. Il n’avait
pas osé. Je devrais peut-être l’informer qu’il était un très mauvais acteur.
-
La marchandise ? Quelle marchandise ?
-
Ce n’était ce que tu devais récupérer ?
-
Je ne vois pas de quoi tu parles exactement
,dis-je en toute innocence.
Ludwig se
racla la gorge.
-
J’ai peut-être mal compris. J’avais cru
comprendre que Laurence avait fait appel à toi pour récupérer quelque chose.
Il jeta un
regard à ma besace. Il ignorait quel était l’objet en question. Laurence
n’avait rien dit. Dans ce genre d’entreprise, c’était généralement au supérieur
qu’on se referait, au cas où quelque chose tournait mal. Or si Laurence s’était
tut, c’était qu’il ne faisait pas confiance à Ludwig. En tout cas, ce n’était
pas moi qui allais le renseigner. Pas étonnant qu’on était passé avant moi ;
sauf qu’ils n’avaient rien trouvé.
-
Pas particulièrement. On devait se voir et il
m’a posé un lapin c’est tout.
Je me levais.
-
Où est-ce que tu vas ?
J’haussais les
épaules.
-
Puisque tu ne peux pas me renseigner et
m’apporter de réponse positive je pense déposer une requête en bonne et due
forme aux instances supérieures de la guilde.
-
Tu te rends compte que ça prendra du
temps ?
-
Peu importe, je réglerais mon problème avec
Laurence dés que je le verrais.
-
Et tu veux que je te fasse signe des que j’ai
quelque chose ? Insista t-il.
-
Non merci.
Ludwig voulait
gagner du temps et ne chercher même plus
à s’en cacher. Il irradiait la traitrise à travers tous les pores de sa peau.
Il avait passé un pacte avec le diable. Il avait été un très vilain garçon.
J’espérais pour lui que la bourse d’or qu’il tenait dissimulé sous la latte sur
laquelle il avait posé sa chaise en avait voulu la peine.
Je quittais la
petite pièce et le laissais retourner à
ses livres de comptes où ce qu’il en restait. Je poussai la porte vers la
grande salle sur mes gardes. Au cas où Vhal aurait changé d’avis et aurais
décidé de me descendre. Vhal grommela sur mon passage mais ne fis aucun geste
dans ma direction. Il continua d’essuyer
le verre avec son torchon, tenant à l’œil les trois poivrots qui n’avaient toujours pas bougé de leur place.
Je passais près de lui et quittais le bar. Je retrouvais le froid glacial de la
rue, les flocons de neige étaient devenue plus épais entre temps.
Je traversai
la ruelle boueuse et me plongeais au cœur du marché. Je me méfiais trop de lui,
Ludwig était capable de m’envoyer ses gars pour me suivre ou même m’éliminer.
Le fait que je niais la nature réelle du contrat avec Laurence l’avait
déstabilisé bien plus que la disparition de ce dernier. Je marchais à travers
les rues, évitant de justesse les passants pressés. L’atmosphère était lourde.
De toute façon quand est-ce que l’atmosphère n’était pas lourde dans ce pays.
La police contrôlait tellement la population que je m’étonnais qu’ils puissent
oser respirer sans même demander l’autorisation. C’était vraiment un coin perdu
dans le trou du cul du monde.
Après quelques
tours, je m’engouffrais dans les parties mal famées du centre ville. C’était là
que Laurence venait se refugier quand les choses commençaient à devenir
chaudes. La ruelle plongée dans l’obscurité.
L’odeur était écœurante, insupportable et une odeur de sang séché.
Contrairement à mes précédentes visites il n’y avait pratiquement aucuns
mendiants en vue. C’était tout juste si on pouvait entendre les clochards
crachaient le poumon qui leur restaient. A croire qu’ils avaient peur de faire
du bruit. Ils avaient peur…non c’était gentil comme mot. Ils étaient aussi
effrayés que s’ils avaient croisées la route des cavaliers de l’apocalypse.
Quelqu’un m’observait, j’en étais certaine. Peut-être un guetteur où quelqu’un
qui m’aurait suivi. Quelqu’un de très bon dans ce cas là vu qu’il était parvenu
à garder ma trace.
Je m’arrêtais
devant une sorte d’ouverture en peau de chèvre. J’écartais le pan de l’entrée
et y passais la tête. Un seul coup d’œil me suffit pour savoir que l’homme que
je cherchais ne se trouvait pas là. Le lieu était froid, inhabité depuis
plusieurs semaines peut-être même des mois.
Il y avait une odeur nauséabonde, peut-être un rat en décomposition qui
était venu se refugier par là mais rien d’intéressant. Alors que je regardais les lieux, je sentis
un regard sur moi, il était froid, jouissif. Je me retournais vivement et
surpris un mouvement du coin de l’œil.
Je m’écartais de justesse, évitant la lame qui passa à quelques
centimètres de mon visage. Je bloquais
la seconde attaque et tourner violement
le bras de mon agresseur jusqu’à entendre le bruit de ses os qui se
brisaient. Je lui envoyer mon pied au visage,
éclatant sa mâchoire et son nez au passage. L’homme tomba à genoux sous la
douleur. J’enjambais son corps et d’un mouvement vif et puissant je lui briser
la nuque. Il tomba face contre terre
sans vie. Son sang se mêla aux excréments de
la ruelle. Je scrutais
l’obscurité au cas où d’autres hommes seraient embusqués quelque part. Je ne repérais personne à part le clochard
qui était demeuré caché sous les planches de bois depuis mon arrivée.
Je me
dirigeais vers lui. Je sentais sa frayeur augmentait à mesure que je me
rapprocher de lui. Je n’avais aucune envie qu’il fasse une crise cardiaque tout
de suite. Une fois à proximité, je
m’accroupis de manière à me positionner au même niveau. Je plonger mes yeux dans
son regard terroriser. Celui-là je l’avais déjà vu, il aurait pu être beau
gosse s’il avait eu plus de chance. Ses yeux gris avaient dû être saisissants à une époque. Avant l’opium
et tout le reste.
-
Où est-il ?
Je n’avais pas
besoin de lui préciser de qui je parlais, il savait déjà.
Quelques années plutôt, Laurence m’avait
présenté à certains de ses contacts et celui-ci en faisait parti. Les mendiants
pouvaient être une source d’informations intéressantes. Parce que la société
était conditionnée à les ignorer ils faisaient en quelques sortes partis des
murs. Avec une simple pièce on pouvait apprendre des informations importantes
qui pouvaient valoir une fortune. Ils avaient aussi la faculté de pouvoir
circuler incognito, il était parfois difficile de reconnaitre un mendiant parmi
un autre sous une telle couche de crasse.
-
Où est-il ? Je répétais
-
Je ne sais pas, je n’ai rien vu.
Il mentait. Il
avait vu quelque chose.
-
Je ne suis pas venue pour te tuer, mais je
pourrais changer d’avis si tu ne me réponds pas.
Le clochard cessa de respirer
quelques secondes et se pissa dessus. Génial !
-
Alors où est-il ?
L’homme se mit
à tousser et à cracher du sang. Il était mourant, ses poumons étaient atteints.
La maladie avait gangréné tout ce qu’elle pouvait. Il ne devait même pas lui rester une semaine à vivre. S’il
le désirer je pouvais abréger ses souffrances des maintenant.
-
Des hommes sont venus et l’ont emmené avec eux.
-
C’était qui ? Tu as déjà vu l’un de ses
hommes ?
Le clochard
hocha la tête.
-
Réponds.
-
Je ne peux pas le dire, gémit-il alors qu’une larme coulait
lentement sur son visage marqué par les rides et la maladie.
Je lui tirais
brutalement les cheveux et rapprocher nos visages.
-
Qui est-ce ? Répond où tu seras le prochain.
-
L’ordre, croassa t-il, c’était l’ordre.
Il gémit et se
recroquevilla sur lui-même.
-
L’homme qui vient de m’attaquer il était
seul ?
-
Oui. Les autres sont tous partis.
Je relâchais
l’homme qui retomba au milieu de la frange.
Je me
redressais et quitter les lieux. Je n’avais plus rien à y faire. Quel que soit
la manière dont il s’y était pris, Laurence avait marché sur les plates de
bandes de l’ordre. Fais chier, je pouvais dire adieu à mon pognon.Je remontais
la ruelle assez énervée et ce fut donc presque par hasard que je remarqué
l’attroupent à quelques rues voisines. Je m’approchais et jouer des coudes pour
m’incruster dans la foule compacte qui restait silencieuse lorsque je parvins
au premier rang, j’aperçus à mon tour le corps nu à moitié enfouie dans les
eaux usées où les chevaux allaient parfois s’abreuver.
Le
corps était livide, froid depuis plusieurs heures. Il avait été torturé et brûlé à plusieurs
endroits. A ses cotés nageaient des bout de doigts et un pied. Si la tête était devenue méconnaissable le
tatouage sur la hanche en revanche était à lui seul un carte d’identité.
Laurence. Le dos avait été balafré d’une
grande marque faite au fer chaud. Un caducée inversé surmonté d’une tête de
mort. L’ordre l’avait jugé coupable de frayer avec les nécromanciens. Des archimages
capable de réveiller les morts. Du même genre que ceux que j’avais rencontré
cette nuit.
L’idiot !
A mon épaule, la besace sembla pesait une tonne. Laurence appartenait à une
guilde il n’aurait jamais dû être exécuté de la sorte. Une enquête auprès de la
guilde aurait dû être ouverte qui aurait ouvert un procès. Même un simulacre de
procès aurait fait l’affaire.
Laurence
n’avait aucunes capacités magiques, aucuns pouvoirs. Il était surtout un bon
informateur et avait de nombreux contacts et des relations hauts placées.
Relations qui ne lui avaient pas servies à grand-chose pour le coup. Ça aurait
pu être évité si la guilde des mercenaire c’était portée garante pour lui. Sauf
qu’à la fin il ne faisait plus confiance à la guilde. Restait à savoir ce qu’il
avait bien pu avouer et si mon nom avait filtré. L’un dans l’autre l’Ordre, ne
connaissait pas mon existence et ignorait où j’avais pris mes quartiers mais il
pourrait être simple de remonter jusqu’à moi en passant par Ludwig.
J’étais de
nouveau au repaire des mercenaires. Lorsque j’entrais, je pris soin de fermer à
porte derrière moi. On était en plein jour mais pour ce que cela m’importait
cela ne serait en aucun cas un problème.
Les
trois poivrots étaient toujours là, affalés à leur table, ronflant bruyamment.
Valh me fixa étonné. Il ne s’y attendait pas à première vue donc il pensait que
j’aurais dû disparaitre et ne pas
revenir et ce manière définitive.
- Il faut absolument que je vois Ludwig j’ai quelque chose
d’important à lui dire.
J’espère que
j’avais l’air suffisamment désespéré à ses yeux. Le barman posa le verre qu’il tenait encore à la main
sur le comptoir. Je fis mine de regarder autour de moi de manière apeurée.
- Attends la je vais voir s’il
peut vous recevoir.
Vhal disparut
par la petite porte mais contrairement à ce qu’il crut je ne lui obéit pas et
le suivis aussitôt, justes quelques pas derrière. Je pouvais être aussi
silencieuse qu’une autre. L’obscurité du couloir me permettait de me fondre
aisément dans la masse de ténèbres. Lorsque j’arrivais il prenait ses ordres.
- Elle est revenue, je dois la
faire attendre ?
- Il vaut mieux s’en débarrasser,
répondit Ludwig. C’et une occasion à ne pas manquer. Elle risque d’attirer
l’attention de la guilde toute entière.
- Va la chercher, renchérit
l’ancien mercenaire.
Le
bureau avait disparu de même que les innombrables livres de comptes.
- Je vous en prie ne vous donner
pas cette peine, je suis déjà là.
Vhal
se retourna subitement, pris par surprise mais il fut trop lent, je lui
enfoncai mon poignard en plein cœur. Il s’écroula à terre sans même avoir le
temps d’hoqueter. Il était déjà mort.
- Qu’est-ce que tu as fait ?
- ça se voit non ? Je viens
de le tuer. Ça pose un problème ?
- Tu ne peux pas le tuer comme
ça.
- Je ne vois pas pourquoi.
N’était-ce pas ce que tu proposer de faire à mon endroit à l’instant
même ?
-
Tu ne sais pas de quoi tu parles.
J’haussai les épaules.
- Possible mais je m’en fous. En
fait tu comptais prendre quelque
vacance ?
Je
désignais sa malle et le sac noir à ses pieds.
- J’ai des choses à règles.
- Des choses à régler. Je
m’avancer jusqu’à lui. Du genre Laurence.
- Je ne vois pas de quoi tu
parles.
Je lâchais un rire ironique. Encore cette rengaine.
- C’est vrai ? Et bien j’ai
retrouvé Laurence. Le pauvre était nu à moitié noyé et mort par-dessus le
marché.
- c’est vraiment triste mais je
n’y peux rien. Ce sont les risques du métier.
- Oui tu as raison, ce sont les
risques du métier. J’espère que l’ordre t’a bien payé pour ta trahison.
- Mais de quoi tu parles ?
Dit-il étonner.
Non franchement il était très
mauvais acteur.
- Allons soyons honnête,
ajoutai-je, nous savons tous les deux que la bourse pleine d’or que tu caches
sous la latte de ton plancher n’est pas venue toute seule.
Ludwig fronça les sourcils,
accentuant les balafres sur son visage. Il se demandait comment je pouvais le
savoir.
Une vague de culpabilité le
submergea. Ce n’était même pas des remords pour avoir trahi un ami mais celui
d’avoir était pris la main dans le sac. Une flambée de colère lui succéda, une
colère dirigée vers moi.
- Qu’est-ce qu’il croyait. Les
affaires allaient à va l’eau et lui s’amuser à aider les Ainmheas à sortir
d’ici. Il trahissait son propre peuple.
- Alors tu as décidé de le trahir
à ton tour auprès de l’ordre.
- Tu ne peux pas comprendre, tu
ne viens pas d’ici. Tu es qu’une FENSP de niveau 2. Qu’est ce que tu peux
comprendre à notre façon de vivre. L’Ordre est tout, l’ordre nous guide et nous
protégé.
Encore
un grand malade endoctriné.
- Et quoi il t’a proposé la vie
éternelle ou la rédemption de ton âme?
- Vas te faire foutre
salope !
- Pour ça c’est déjà fait depuis
longtemps.
- Je verse 45% de nos recettes à
l’ordre moyennant notre protection.
45%
était énorme. Si l’on retirait les salaires des mercenaires et l’entretien du
lieu alors oui l’affaire n’était pas très fleurissante.
- Tu aurais pu demander l’aide de
la guilde et du Conseil des guildes. Ils auraient pu t’octroyer un financement,
ils auraient pu assurer la protection de Laurence et un procès.
Ludwig
eut un rire sans joie.
- Ici au fond du trou du
monde ? Personne ne s’intéresse à nous.
- Alors tu as préféré trahir ton
ami, ton meilleur homme. Je ne sais pas pour toi, mais je trouve que c’est une
façon assez étriqué de voir l’affaire. Si tu savais déjà ce que ça allait te
couter, tu n’aurais jamais dû ouvrir l’affaire. Je suis même surprise qu’elle
aies tenue aussi longtemps vu les circonstances sauf si bien évidement depuis
le départ tu recevais des pots de vin de l’ordre en échange d’informations.
Les battements
de son cœur d’accélérèrent, il avait le souffle court. Je brulais. C’était bel
et bien ce qui se passait. Je continuais de l’asticoter un peu plus.
- Laisse-moi
deviner. Tu te renseigner sur les contrats, les affaires à suivre et tu les
rapporter à l’Ordre lorsque cela pouvait les intéressaient. Sauf que Laurence
avait découvert la vérité. Tu as essayé de le faire chanter mais il a menacé de
révéler la vérité. Quelle aubaine cela a était pour toi de découvrir que
derrière ton dos, il avait son propre réseau
de transport humains. Ce fut pour toi l’occasion de faire d’une pierre
deux coups. Alors comment tu t’y es pris ? Tu las fait suivre et puis tu
l’as attaqué par derrière avant de le remettre à l’ordre ?
- Non, j’ai
envoyé Vhal le suivre. Il l’a suivis jusqu’à son repère dans le quartier de
Supplicia. Là nous avons fait prévenir l’Ordre. Malheureusement le temps qu’ils
arrivent Laurence était déjà parti. Heureusement l’ordre a pu mettre la main
sur les ainmheas et les anéantir.
Le quartier de
Supplicia, c’était là que Laurence m’avait donné rendez-vous. J’avais donc le
fin mot de l’histoire sur l’assaut de la nuit dernière. Il était possible que
Laurence soit allé se changer mais à son retour l’attaque avait déjà commencé.
Il avait voulu se réfugier dans sa planque habituelle mais l’ordre qui avait
déjà était informé de son existence l’avait cueillit en beauté.
Je
m’approchais de Ludwig et lui caressais doucement la joue. Il n’y avait rien de
menaçant dans mon geste mais il
était complétement immobilisé. Je
l’avais complétement subjugué, captivé.
- Maintenant
je veux savoir une seule chose et tu vas me le dire n’est-ce pas ?
Ludwig hocha
la tête docilement. C’était vraiment amusant. Il était entièrement sous mon
contrôle, je pouvais l’obliger à se tuer lui-même et il n’aurait d’autre choix
que de m’obéir.
- As-tu parlé
de moi à quelqu’un ?
- Non.
- Tu es
sûre ?
- Pas
directement en tout cas. En passant j’ai peut-être qu’il y avait une femme, une
étrangère qui travaillait avec Laurence mais je n’ai rien dit d’autre.
À mes yeux c’était déjà
beaucoup.
- Leur as-tu
dis, quelle était la nature de mon contrat avec Laurence ?
- Non, je
l’ignorais moi-même et Laurence n’a rien voulu me dire.
C’est déjà ça
de pris.
- Tu vas
mourir tu le sais n’est-ce pas ? Après tout ça je ne peux pas te laisser
vivre.
- On peut
trouver un arrangement, commença-t-il.
Je me plaçais juste derrière
lui, ma lame sur sa gorge.
- Non merci,
susurrai-je à son oreille.
Je l’égorgeais
d’un mouvement précis. La lame décrivit un arc de cercle et s’enfonça dans les
chairs tendre de sa gorge. Du travail très propre. Son corps eut quelques soubresauts et
s’effondra mollement à terre. Je
dégageais l’aiguille que je lui avais lancé à la base de la nuque. Ces
petites choses étaient de véritables merveilles. Elles permettaient
d’immobiliser ses proies et de garantir une mort douloureuse et
silencieuse. C’était très important de
mourir silencieusement quand on faisait mon métier. J’allais récupérer la
bourse caché sous le plancher. Elle pesait un certain poids. Je l’ouvris. Pas
mal.
- Merci
beaucoup. Je saluais Ludwig ou plutôt son cadavre d’un mouvement de tête. Sache
qu’elle est désormais entre de bonnes mains.
Je l’enfouis
dans ma besace. Je retournais à la grande salle et dût me résoudre à m’occuper
des trois clients. Je les égorgais chacun leur tour. Il n’y eut ni cri, ni râle
de douler. Ils étaient tellement défoncés, qu’ils ne m’avaient même pas senti
arrive lorsque je me suis attablé à leur côté.
C’était triste
mais ils s’étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Maintenant que
j’avais commencé, il valait mieux finir le travail bien comme il faut. Les
pauvres étaient juste des dommages s collatéraux, des témoins susceptibles de
me nuire dans le futur je proche.
Je m’emparais
d’une lampe que j’allumais puis je regagnais le bureau de Ludwig. Je lâchais la
lampe qui se prisa à terre. Le feu commença à dévorer son corps.
Le feu
prendrais quelques minutes avant d’attirer l’attention, à ce moment-là, il sera
déjà trop tard. Je sortis de l’établissement et
allai rejoindre le marché incognito.
J’étais retourné à l’auberge le
plus rapidement possible. J’avais récupéré mes vêtements. En fait je n’avais
pas beaucoup de choses à emporter. Je préférais voyager léger. Mes vêtements de
cette nuit étaient encore humides mais je n’avais plus le temps d’attendre
qu’ils sèchent. Je les rangeais dans mon sac de voyage. Je contemplais la
petite fiole de verre, mes réserves étaient presque à plat. Je bus une gorgée
et attendit quelques secondes qu’elle fasse effet. Une visite à Taddius
s’imposait avant toute chose.
Je regardais la chambre une
dernière fois. Elle était propre et vide.
Résultat de ces deux semaines, je
me retrouvais avec un œuf de dragon dont
je ne savais que faire, une bourse pleine d’or, cinq cadavres supplémentaire
que je dissimulais au fin fond de ma conscience et peut-être même l’ensemble de
l’Ordre à mes trousses. On était qu’à la mi-journée.
J’enfilais mon long manteau noir
dans lequel j’avais dissimulé quelques armes et sortis de la pièce. Je
descendis rapidement l’escalier en bois et me rendis directement auprès de
Shayleen. Je lui tendis la clé.
- Tenez.
- Merci. Vous
partez déjà ?
- Oui. Je
pense être resté plus longtemps que nécessaire.
- Comme c’est
dommage.
Elle avait beau y avoir mis toute
la tristesse dont elle était capable, elle mentait quand même. Elle était plus
que contente de me voir décamper. Je ne pouvais pas l’en blâmer vu les cadavres
que j’avais laissé derrière moi.
- Oui malheureusement, peut-être
reviendrais je visiter votre charmant pays.
Je me dirigeais vers la porte et
rabattis l’énorme capuche au-dessus de ma tête. Dehors le sol était recouvert
de neige.
Je ne compre balancé et l’Ordre de
Skléridjen avait le moyen de faire parler les cadavres de toute façon.
nais vraiment pas comment les
choses avaient pu dégénérer aussi rapidement. J’avais l’habitude de travailler
avec Laurence. Il me proposait des contrats que j’acceptais où. Celui-ci
m’avait alléché pour de mauvaises raisons. J’y avais vu une sorte de défi, un
moyen de me tester. J’avais accepté après qu’on m’en ait présenté les grandes
lignes. Il n’y avait rien de difficile. Une mission comme une autre. De
l’argent facile en somme. Tu parles, si la police de l’ordre était à mes
trousses, je ferais mieux de déguerpir. Ludwig avait une grosse gueule, bien
sûre qu’il m’avait
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