mercredi 21 mars 2018

Nouvelle Histoire Chapitre 2


Froid. Depuis une dizaine de jours les nuits étaient devenues glaciales à telles points qu’elles décourageaient les voleurs les plus téméraires. Les rues étaient désertes, pas même un clochard pour me tenir compagnie.
Je frottais mes mains gantées l’une contre l’autre dans l’espoir de me réchauffer sans aucuns effets. Adossée contre l’immense portique de pierre, j’attendais que mon contact apparaisse en observant le ciel noir. Pas une étoile en vue. Je m’ennuyais ferme. Combien de temps comptait-il me faire attendre encore ? J’avais acquis la marchandise de haute lutte et j’avais même dû m’occuper de quelques cadavres ambulants. Quelle idée aussi de mettre en place des morts en guise de sécurité ? Je poussais un autre soupir, laissant échapper un petit nuage blanc.  J’examinais ma main, remuant les doigts. Mon poignet était encore douloureux. L’opération avait était minutieusement préparé deux semaines plus tôt et avait faillit tourner court parce que les commanditaires avaient omis de me fournir des détails importants. Heureusement, Improvisation étant mon deuxième prénom, j’avais réussi à négocier un chemin à travers les égouts de la cité.  Les rats m’avaient poursuivi une bonne trentaine de minutes avant de lâcher prise. Quoiqu’il en soit l’opération aurait pût endommager gravement ma réputation et par conséquence la confiance de mes clients.
Je regardais une nouvelle fois ma montre. Laurence était en retard. C’était contraire à ses habitudes. Je voulais mon salaire et rentrer chez moi. D’ici deux heures tout au plus, l’aube se lèverait or j’attendais depuis vingt minutes. Vingt minutes de trop pour un voleur. Qu’il fasse froid ou non l’immobilité faisait des gens comme moi, des proies faciles et rien ne garantissait que le maitre des zombies n’avait pas envoyé ses  morts à mes trousses. Si on regarde les fait d’autres étaient venus avant moi sûrement dans le but de récupérer ce que j’étais venue moi-même chercher.
Je patientais dix minutes supplémentaires lorsque j’entendis le bruit distinctif d’un canon de revolver que l’on rechargeait. Je n’étais plus seule.  J’inspirais profondément et attirai l’obscurité autour de moi. Je préférais me fondre dans les ténèbres qui m’apporteraient une certaine protection que de demeurer à découvert à porter du premier  psychopathe venu. Or ici, tout le monde possédait des tendances psychotiques. Silencieusement, je reculai de quelques pas et m’appuyait contre le mur de pierre. Ils étaient plusieurs et lourdement armé. J’entendais des pas précipités, suivis de grognements.
Merde ! Des chiens de l’enfer ! Non sérieux, pourquoi cette nuit entre toute ? La police de l’ordre n’avait pas d’autres choses à faire ? Ils ne pouvaient pas me voir, ni même me sentir mais les chiens de l’enfer eux,  c’était une autre paire de manches. Si je ne dégageais pas en vitesse, je ne donnais pas chère de ma peau.
En général, lorsque la police de l’ordre apparaissait c’était mauvais signe, on pouvait être sûre  qu’au minimum il y aurait un ou deux morts à titre d’exemples et au pire un autodafé.  Avec eux dans les parages, les affaires devenaient difficiles. C’était d’ailleurs pour cette raison que je n’acceptais que très peu de missions à Shalion. Je n’étais pas du genre sociable et j’aurais dû mal à expliquer mes activités nocturnes quand à la marque sur ma poitrine, je n’en parlais même pas. Je patientais quelques minutes. Ils ne faisaient pas mine de s’avancer dans ma direction et contrairement à leur habitude ils tentaient d’être le plus discret possible même si c’était déjà trop tard. Grâce aux nouveaux dispositifs vendus au marché noir, les alarmes prévenaient  de l’approche de l’Ordre  à dix mètre. Ce qui n’était pas mal. Ces petites alarmes avaient connues un tel succès qu’elles avaient aussitôt disparu du marché. Quand à leur créateur, on n’en entendit plus jamais parlé. 
Les gens étaient calfeutrés chez eux. Leur peur m’entourait comme un étau sur le point de m’étouffer. Tout le monde les avait entendu arriver.
 Je construisis une barrière, histoire de me protéger de leurs émotions. Certaines comme en cet instant pouvaient être trop intenses et je n’avais aucune envie de me retrouver engloutie par elles, incapable de me défendre.  Légalement, j’étais une FENSP de niveau 2.8 presque 3. Littéralement cela signifiait que j’étais une femelle douée d’empathie négative capable de ressentir les émotions sensorielles, psychiques et physiques des autres. Contrairement à ce que l’on pouvait penser ce n’étais pas très agréable. Certes cela pouvait aider mais la plupart du temps je me retrouver mêlé à des situations assez remarquable et inhabituelle.  Le bon côté des choses c’était que je n’avais pas un très bon niveau, c’était même l’un des plus bas. Ce qui me convenait parfaitement. J’avais très tôt appris à cacher mes véritables capacités, je n’avais aucune envie de passer le reste de mes jours enfermé dans une quelconque cellule à servir de cobaye. C’était moi contre le monde ou le monde contre moi. Ils étaient mes ennemis. À force de ressentir les émotions des autres, les empathes devenaient incapable de reconnaitre ce qui leur appartenait. Les plus puissants se perdaient totalement dans les personnalités des autres. Au mieux ils devenaient fous et se  suicidés au pire ils devenaient des monstres psychopathes et pour les maitriser on faisait appel à la cavalerie pour les éradiquer, soit des gens comme moi, des mercenaires.
Donc au moins je pouvais considérer que je n’étais pas leur proie pour cette nuit. Je regardais les bêtes aux longs poils noirs, capable de mesures presque deux mètre en s’appuyant sur leur pattes arrières, reniflaient le sol de pierre. Les chiens  marchaient de long en large, poussant des grognements sous l’œil attentif de leur maitre. Ils avaient pisté leur proie jusqu’ici. Les chiens étaient d’excellents pisteurs bien que qu’à l’origine ils aient été formés  et élevés pour tuer et faire régner l’ordre. Mais laisser à l’Ordre quelques joujoux et on était certain qu’ils en feraient des aberrations.
Les soldats de l’ordre s’alignèrent tout le long de la rue. Ils avaient décidé de cerner leur proie. Ils établirent des barricades. Plus personne ne pouvait entrer ou sortir. En gros j’étais coincée ici jusqu’à ce que tout ça prenne fin.
J’escaladais le muret et  me hisser  au première balcon. Je montais encore pour finalement  me percher   à la fenêtre du deuxième étage de la bâtisse. Le toit   pointu me fournissait un abri précaire mais c’était mieux que rien et puis j’étais aux premières loges pour assister au spectacle.
Quelques minutes plus tard, l’assaut commença.
Quatre explosions se succédèrent faisant trembler les murs autour de moi.  Les coups de feux répondirent instantanément  suivit de grognements infernal. J’entendais les hurlements. Une dizaine de personne tout au moins. Ils n’avaient aucunes chances, pas avec un tel arsenal.  Les imbéciles avaient utilisées dès le début leurs explosifs et maintenant ils n’avaient plus rien pour riposter. J’avais croisé des rebelles plus futés par le passé. J’avais beau me trouver dans la ruelle adjacente, j’avais une vue parfaite sur le massacre. Les chiens étaient occupés à bouffer leur pitance. Ils tailladaient leurs victimes avec une joie sauvage. Une tête roula  sur quelques mètres et termina sa course en dessous de moi. Je cessais de respirer, espérant que personne n’ait l’idée de s’aventurer jusque là. Je me coller davantage aux pierres froides et attirer davantage de ténèbres autour de moi.
Les ombres qui se mouvaient à la lumière  des torches étaient assez explicites en soi. J’entendis une déflagration qui fut suivit d’une intense lumière. Je me protéger instinctivement les yeux tant s’était douloureux, j’hissais mes boucliers et sentis l’attaque ricocher dessus. Ensuite il n’y eut qu’un profond silence bisé par une pluie glaçante.
L’odeur de chaire brulée était forte. Je laissais échapper un profond soupir. Ils étaient toujours là.je tentais de bouger mais craignant d’attirer l’attention je m demeurais immobile. Je préférais attendre qu’il n’y est plus aucuns dangers. Je déglutis. J’avais beau être une casse-cou, je devais admettre que leur dernière attaque était spectaculaire. Inhabituelle, improbable de leur part mais spectaculaire et fulgurante. C’était le genre d’attaque qui n’était utilisé que dans des champs de batailles. Avec sa portée destructrice, l’utilisée en pleine ville était de l’inconscience pure. Cependant, ce qui m’étonnait davantage c’était la nature même de l’attaque. De la magie, ils avaient utilisé cette même magie qu’ils craignaient et chassaient sans relâche.

Le retour à l’auberge fut long que je ne l’avais escompté. Jouer au chat et à la souris avec l’ordre n’avait pas fait parti de mes projets mais bon c’était une manière de garder la forme.
J’étais rentré par la petite et unique fenêtre que j’avais laissée ouverte. Le  jour s’était levé depuis quelques minutes et j’étais tout simplement morte de froid et complètement trempé. Que j’ai toujours mes dents étaient déjà un miracle en soi vu comment elles claquaient. Je posais ma besace au pied du lit et me déshabillais. J’enfilais un pull en laine et un nouveau pantalon. J’aurais bien voulu faire monté un bain mais mieux valait ne pas attirer trop de monde. Je m’assis sur mon lit et coiffé rapidement mes cheveux.  Heureusement je ne les portais court,  une petite natte faisait généralement l’affaire. Je démêlais mes mèches à l’aide de mes doigts et au bout de quelques secondes, je  finis par les repousser derrière mon oreille. Je n’étais pas une femme très patiente et j’étais plutôt sujette  à des sautes d’inattention. Je fixais la besace. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire de ça ? Je me forçais à me lever malgré la fatigue qui m’écrasait. J’allais à ma table de chevet et versé le pichet d’eau glacé dans la bassine. Je me lavais le visage et regardais mon reflet sur la fenêtre. J’étais présentable. Je récupérais la besace et sortis. Je descendis l’escalier étroit. Le bois crissait sous mon poids à chaque marche. Les murs peints à la chaux étaient devenus jaunes. La salle était bondée même à cette heure-ci. Depuis presque deux semaines que j’étais là, j’avais vu les mêmes têtes à la même heure. Les habitués du coin. A cinq heure trente du matin, il n’y avait déjà plus une table de libre. J’allais au comptoir commandé un verre de lait et une galette de maïs s’il y’en avait évidemment.
Je saluais Shayleen qui me rendit un bref signe de tête. Elle avait les mains occupées par deux tartes aux pommes et passer une nouvelle commande au cuisinier. J’attendis sagement mon tour et en profitais pour observer les clients. Pour la plupart c’était des travailleurs qui venaient des bourgs voisins et se rendaient aux mines de la ville voisine, quelques ferrailleurs et des touristes de passages.
-          Galette de maïs et verre de lait c’est ça ?
-          Oui. Il y a toujours autant de monde ici.
C’était bruyant,  voir anarchique. Les clients jouaient, buvaient et baisaient de bon matin. Ce n’était pas la meilleure auberge du bourg mais il y avait pire. Ce n’était pas non plus le genre d’auberge où une jeune femme pouvait se sentir en sécurité mais c’était pas mal lorsqu’on cherchait l’anonymat.
-          On a perdu quelques clients mais ça va, on se débrouille pas mal malgré les restrictions.
Je voulais ben la croire.
-          Ça te fera 46 Drachmes.
-          Tiens.
Je vidais ma bourse et  lui tendis les piécettes, c’était tout le restant de ma fortune. Si Laurence ne me payait pas ce qu’il me doit, je n’allais pas pouvoir rester plus longtemps.  Six drachmes pour la galette et le lait et quarante pour la chambre. Chère payé à mon avis vu l’état des lieux  mais comme j’avais demandé une chambre seule je ne pouvais n’en vouloir qu’à moi-même.
Je lui frôlais la main et ne put m’empêcher de capter quelques une de ses émotions. Elle ne m’aimait pas, ne m’appréciait pas. Elle trouvait que je risquais de lui piquer quelques uns de ses clients. Shayleen comme pas mal de serveuses proposaient des services complémentaires, une manière comme une autre de compléter les fins de semaines difficiles. J’avais beau lui avoir fait comprendre que je n’étais pas intéressée, elle était quand même pressée que je m’en aille. Je devais admettre  qu’elle était bonne commerçante et que jusqu’à présent à part un froncement de sourcils et un reniflement elle n’avait jamais montrée de manière évidente qu’elle ne voulait pas de moi. Evidemment le fait qu’elle me volait éhontément était aussi un plus pour elle mais j’avais pris le parti de ne pas chipoté sur quelques piécettes et de me taire. Mieux vaut ne pas attirer l’attention si je voulais survivre et me récupérer mon blé. J’étais trop faucher pour chicaner.
Je récupérais mon assiette de galette et mon verre de lait et me trouvait un coin tranquille où je pourrais manger sans être importuner. Je me refugiais dans le coin le plus reculé de la grande salle et de facto le moins éclairé. J’aurais pu manger dans ma chambre mais je craignais de manquer les dernières nouvelles du jour. Je me concentrais sur les clients, les écouter ne me dérangeait pas. Si raconter comment ils avaient baisé la femme de leur patron leur faisait plaisir c’était très bien pour eux, même pour ceux qui avaient  poignardé un pauvre type qui avait eu l’audace de les regarder de travers. On aurait pu résumer la clientèle à bande de voleur et de coupes jarrets.  Aucuns d’entre nous n’avait les mains propre, personne n’était innocent. J’attendis quelques minutes encore, quelqu’un parla bien d’une fusillade cette nuit mais rien d’autre. A croire que l’événement entier avait été passé sous silence. Je grignotais un bout de galette et but un peu de lait que je recracher aussitôt. Il avait tourné. Dégouter je repousser le verre pour me contenter de la galette. Je n’avais même plus faim. Je demeurais attabler un quart d’heure supplémentaire avant de me décider à jouer les touristes.

Les rues étaient animées malgré les températures glaciales. Il y avait bien quelques flocons de neige mais rien qui ne durerait bien longtemps. J’enjambais les corps des mendiants qui cherchaient à prendre encore quelques heures de sommeil avant que les  gendarmes ne viennent les déloger à coup de bastonnade.  Je traversais l’allée central jusqu’à la grande place. Les colporteurs y avaient réunies leurs roulettes de bric à brac. C’était jour de marché. Quelques crieurs avaient déjà commencé à ameuter les foules. Un vent un peu plus glacial me cingla le visage. J’aurais du penser à mettre au moins une veste, j’étais frigorifiée.
Je m’aventurais à travers les étales des marchands faisant mine d’être intéresser par une casserole ou même un vêtement. Un moyen comme un autre pour ne pas attirer l’attention.  J’effectuai plusieurs tours et détours avant de me résoudre à me rendre au bar en face de la seule banque de la ville. La plaque branlante  à la peinture crasseuse indiquée « Mort aux Rats ». Un jeu de mots tout indiqué lorsqu’on savait le genre de boissons qu’ils offraient aux clients. Je n’avais jamais bu une piquette d’aussi mauvaise qualité. J’entrais dans le bâtiment qui avait dû connaitre des jours meilleur et était à l’image du reste de la ville. Vieux, abandonné, crasseux.
J’entrai et attirai l’attention de Vhal, le seul barman du lieu. La salle n’était pas bien grande, obscure, terne avec une odeur de pisse écœurante, il n’y avait que trois clients qui puaient l’alcool et la merde. Ils acceptaient vraiment n’importe qui ici.  Je m’approchais et éviter de m’appuyer au comptoir. Je préférais éviter les petites bestioles qui trainaient dans le coin. Avec ses deux mètres, ses biceps sur développé  et son cou de taureau, Vhal avait tout de la carrure du lutteur, ce qu’il avait était sans doute.
-          Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
La voix du barman était grave, et sa mâchoire déformé lui donnait une allure de boxeur.
-          Je dois voir Ludwig
Vhal me scruta un  long moment. Il cherchait la faille, il voulait savoir s’il pouvait me faire confiance, si je n’allais pas lui attirer des ennuis et s’il pouvait me baiser après le service. Je comprenais parfaitement ses réticences, surtout avec un métier comme le sien. Il m’aurait demandé directement, je lui aurais répondu «  Non, oui, non  » aux trois questions. Pire j’aurais même pris l’initiative de me descendre moi-même d’une balle en pleine tête pour être sure que je ne me relèverais pas. Mais Vhal n’était pas moi, il ignorait à quel point je pouvais être une emmerdeuse de première, une salope sans cœur capable de vendre le premier venu pour sauver sa peau. Je supposais que ce genre de comportement était surtout une question d’éducation. On m’avait appris à survivre à n’importe quel prix pas la diplomatie.
-          Pourquoi ?
-          Le dernier contrat n’a pas était honoré.
Il fronça les sourcils. Il cherchait à éviter la rencontre.
Je plissais les yeux.
-          Quelles charges ? demanda t-il. C’était la question habituelle.
-          Numéro s 3 ;4 ; 9 et 10, je répondis.
Je sentis les battements de son cœur s’accéléraient. J’avais prévenu, je suis une vraie chieuse. L’homme n’avait aucune envie de faire le nécessaire, voir de suivre la procédure. Il pouvait voir arriver les emmerdes à dix lieues d’ici, tout comme moi d’ailleurs mais il n’avait pas vraiment le choix. Ce serait vraiment bête que je sois forcée de mettre l’établissement à feu et à sang.  J’observais Vhal attentivement. Il avait un fusil dissimulait juste sous le comptoir et il se tâtait pour savoir s’il devait en faire usage ou non. A sa place, je l’aurais fait sans aucuns remords.  Il finit par se résoudre et me  tourna le dos. Il avait de vraies couilles dis-donc. Il poussa le mur derrière lui, qui se révéla être une porte dérobée.
-          Passe par là.
Je contournais le comptoir, passai à quelques pas de lui. Je me penchais légèrement avec ma petite taille, l’ouverture me convenait.
-          Allez tout droit et tourner à gauche.
-          Pas de problème je connais la maison.
Je marchais le long du corridor. Une odeur d’égout et de merde affluait et se mêlaient aux relents d’eau sale en provenant des égouts d’à côté.  Le bar n’était qu’une couverture pour cacher la véritable affaire.  Un repaire de mercenaires à la tête de laquelle se trouvait Ludwig qui était lui-même un ancien mercenaire.
Je le trouvais comme à son habitude à son bureau.   Le poêle était éteint. Il faisait froid mais c’était supportable. Ludwig  me jeta un rapide coup d’œil et replongea son attention dans ses livres de comptes.
-          Je n’ai aucuns contrats pour toi actuellement.
-          Je ne suis pas venue pour un nouveau contrat.
Derrière lui, le tableau des états de service était vide. Pas un seul  nom.
-          Les affaires vont mal apparemment ?
-          Je suppose qu’ils suivent la tendance du moment.
-          Je suppose aussi.
Je m’attendais à ce qu’il fasse allusions à l’attaque de cette nuit mais il n’ajouta rien d’autre. Je m’assis  face  lui sur la seule chaise disponible, ignorant le fait qu’il ne m’y ait pas invité.
-          Qu’est-ce que je peux faire pour toi dans ce cas-là ?
Ça le saoulait déjà. Dommage pour lui, il allait devoir me supporter quelques minutes.
-          Je suis venue demander réparation pour contrat non honoré.
Ludwig arrêta instantanément d’écrire et releva la tête pour me fixer.
-          Tu es sûre de ce que tu avances, peut-être est-ce un simple mal entendu ?
-          Ce n’est pas un malentendu. Le commanditaire n’a pas honoré sa part de marché. Et puisque tu es la personne par laquelle un mercenaire et son contractant doivent se référer à  chaque transaction qui a lieu dans cette ville , je viens donc te voir.
J’étais calme, bien trop calme et ceux qui me connaissaient savaient qu’à ce niveau là, mieux valait ne pas tenter de me raconter d’histoires.
-          J’ignore ce qui a pu se passer. Laurence est un client avec lequel tu travailles habituellement. C’est d’ailleurs pour cette raison que tu as voulu poursuivre avec lui.
-          Certes mais le marché n’a pas était honoré. Je reproche à la guilde que tu représentes d’avoir contrevenu aux articles 3, 4 , 9 et 10 du code des mercenaires en me vendant de fausses informations, vous avez failli provoquer ma mort et au final je n’ai pas était payé pour mon travail. Je demande réparation Ludwig.
Il était devenu nerveux. Son cœur battait plus vite. Il savait quelque chose.
-          Tu te doutes qu’une enquête doit être ouverte  pour statuer sur la rupture de contrat et la réparation compensatoire et cela à partir du moment où lors de la signature avec le contractant  tu as accepté la close garanti et assurance.
-          - Arrête ton baratin, s’il te plait. A d’autre mais pas à moi. Je suis depuis trop longtemps dans le métier pour que tu tentes de m’avoir avec tes palabres. Tu es assez bien placé pour savoir qu’une enquête n’est pas le seul moyen de régler ce genre de différents, il y a des solutions bien plus efficaces et définitives. Raconte ça aux débutants que tu peux entuber à loisir mais pas à moi. A moins que tu cherche à me doubler ?
Je laisser ma question flottait dans l’aire. Histoire qu’il comprenne bien les risques que cela lui couterait.
-          Non je ne t’ai pas doublé, ni aucuns de nous.
Il disait littéralement la vérité mais cela ne signifiait pas pour autant que ce n’était que la seule vérité existante.
-          Alors pourquoi n’est-il pas venu ?
-          Je l’ignore. On peut penser qu’il soit tombé malade, qu’un accident soit arrivé ou qu’il ait tout simplement oublié.
-          Oublié ? Je ricanais. Laurence n’oublie rien, il note tout. Il est bien trop consciencieux pour cela.  Je n’ai accepté  de travailler avec lui que parce qu’il était celui qui pouvait se rapprocher le plus proche d’un type honnête, mais ça je ne le dis pas, ni que Laurence avait dit qu’il voulait me parler de quelque chose d’urgent. Donc dis-moi ce que tu sais.
-          Il n’y a pas grand-chose. Je ne l’ai vu que très peu ces derniers temps. Il avait l’air assez nerveux  je me suis dit que c’était peut-être lié à l’affaire qui le préoccuper ou une histoire d’argent.
-          Il t’a dit de quoi il s’agissait ?
-          Non.
Ce que je détestais devoir tirer les vers du nez des gens. Ludwig savait des choses et il ne disait pas tout.
-          Quand l’as t-u vu pour la dernière fois ?
-          Hier, il m’a dit qu’il avait quelqu’un à rencontrer.
-          Je suppose qu’il ne t’a pas dit qui ?
L’ancien mercenaire grimaça.

-          tu sais comment ça se passe ? L’anonymat est le secret.
Oui bien sûre, je connaissais la chanson, cela ne signifiait pas pour autant que c’était respecté à la lettre. Voila pourquoi je préférais travailler en indépendante. Je ne faisais confiance à personne.
-          Il avait d’autres clients à par moi ?
-          Mes gars ont toujours d’autres clients.
Je regardais autour de moi. Le tableau vide. La  pièce trop bien rangée et nettoyer. Les armes qui avaient été décroché des murs. Tout cela n’était qu’une mise en scène, de la poudre aux yeux.
-          Tu as égaré ta hache de guerre ?
-          Je me suis dis qu’un petit changement de décoration ne ferait pas de mal.
J’hochais simplement la tête. Il mentait et mal en plus. Ludwig n’enlevait jamais sa hache de guerre. C’était une sorte de symbole qui rappelait à qui veut l’entendre comment  il avait mérité les trois balafres qui lui dévoraient le visage. Des griffes de dragon parait-il. Il était inutile que je lui pose plus de questions sur les commanditaires avec lesquels travailler Laurence car il ne m’en dirait rien. Il ne semblait même pas surpris de sa disparition. En fait Ludwig donnait l’impression qu’il était sur le point de mettre la clef sous la porte pour ne pas dire qu’il prenait la poudre d’escampette.
-          Tout ceci est vraiment dommage. Je suppose que tu ne peux pas me dire où se terre habituellement Laurence.
-          Non mais je peux te faire porter un message dès que j’ai des nouvelles.
Il me prenait vraiment pour une idiote.
-          Non ce ne sera pas nécessaire de toute façon mon problème n’est toujours pas réglé et je souhaite recevoir ma part du marché.
Ludwig poussa un profond soupir. Quelques secondes durant lesquelles je ne le quittais pas des yeux s’écoulèrent  avant qu’il ne se décide enfin.
-          Très bien. Tu as la marchandise avec toi ?
Je le fixais incrédule. Il n’avait pas osé. Je devrais peut-être l’informer qu’il était un très mauvais acteur.
-          La marchandise ? Quelle marchandise ?
-          Ce n’était ce que tu devais récupérer ?
-          Je ne vois pas de quoi tu parles exactement ,dis-je en toute innocence.
Ludwig se racla la gorge.
-          J’ai peut-être mal compris. J’avais cru comprendre que Laurence avait fait appel à toi pour récupérer quelque chose.
Il jeta un regard à ma besace. Il ignorait quel était l’objet en question. Laurence n’avait rien dit. Dans ce genre d’entreprise, c’était généralement au supérieur qu’on se referait, au cas où quelque chose tournait mal. Or si Laurence s’était tut, c’était qu’il ne faisait pas confiance à Ludwig. En tout cas, ce n’était pas moi qui allais le renseigner. Pas étonnant qu’on était passé avant moi ; sauf qu’ils n’avaient rien trouvé.
-          Pas particulièrement. On devait se voir et il m’a posé un lapin c’est tout.
Je me levais.
-          Où est-ce que tu vas ?
J’haussais les épaules.
-          Puisque tu ne peux pas me renseigner et m’apporter de réponse positive je pense déposer une requête en bonne et due forme aux instances supérieures de la guilde.
-          Tu te rends compte que ça prendra du temps ?
-          Peu importe, je réglerais mon problème avec Laurence dés que je le verrais.
-          Et tu veux que je te fasse signe des que j’ai quelque chose ? Insista t-il.
-          Non merci.
Ludwig voulait gagner du temps et ne chercher même  plus à s’en cacher. Il irradiait la traitrise à travers tous les pores de sa peau. Il avait passé un pacte avec le diable. Il avait été un très vilain garçon. J’espérais pour lui que la bourse d’or qu’il tenait dissimulé sous la latte sur laquelle il avait posé sa chaise en avait voulu la peine.
Je quittais la petite pièce et le laissais retourner  à ses livres de comptes où ce qu’il en restait. Je poussai la porte vers la grande salle sur mes gardes. Au cas où Vhal aurait changé d’avis et aurais décidé de me descendre. Vhal grommela sur mon passage mais ne fis aucun geste dans ma direction. Il  continua d’essuyer le verre avec son torchon, tenant à l’œil les trois poivrots qui  n’avaient toujours pas bougé de leur place. Je passais près de lui et quittais le bar. Je retrouvais le froid glacial de la rue, les flocons de neige étaient devenue plus épais entre temps.
Je traversai la ruelle boueuse et me plongeais au cœur du marché. Je me méfiais trop de lui, Ludwig était capable de m’envoyer ses gars pour me suivre ou même m’éliminer. Le fait que je niais la nature réelle du contrat avec Laurence l’avait déstabilisé bien plus que la disparition de ce dernier. Je marchais à travers les rues, évitant de justesse les passants pressés. L’atmosphère était lourde. De toute façon quand est-ce que l’atmosphère n’était pas lourde dans ce pays. La police contrôlait tellement la population que je m’étonnais qu’ils puissent oser respirer sans même demander l’autorisation. C’était vraiment un coin perdu dans le trou du cul du monde.
Après quelques tours, je m’engouffrais dans les parties mal famées du centre ville. C’était là que Laurence venait se refugier quand les choses commençaient à devenir chaudes. La ruelle plongée dans l’obscurité.  L’odeur était écœurante, insupportable et une odeur de sang séché. Contrairement à mes précédentes visites il n’y avait pratiquement aucuns mendiants en vue. C’était tout juste si on pouvait entendre les clochards crachaient le poumon qui leur restaient. A croire qu’ils avaient peur de faire du bruit. Ils avaient peur…non c’était gentil comme mot. Ils étaient aussi effrayés que s’ils avaient croisées la route des cavaliers de l’apocalypse. Quelqu’un m’observait, j’en étais certaine. Peut-être un guetteur où quelqu’un qui m’aurait suivi. Quelqu’un de très bon dans ce cas là vu qu’il était parvenu à garder ma trace.
Je m’arrêtais devant une sorte d’ouverture en peau de chèvre. J’écartais le pan de l’entrée et y passais la tête. Un seul coup d’œil me suffit pour savoir que l’homme que je cherchais ne se trouvait pas là. Le lieu était froid, inhabité depuis plusieurs semaines peut-être même des mois.  Il y avait une odeur nauséabonde, peut-être un rat en décomposition qui était venu se refugier par là mais rien d’intéressant.  Alors que je regardais les lieux, je sentis un regard sur moi, il était froid, jouissif. Je me retournais vivement et surpris un mouvement du coin de l’œil.  Je m’écartais de justesse, évitant la lame qui passa à quelques centimètres de mon visage.  Je bloquais la seconde attaque et tourner violement  le bras de mon agresseur jusqu’à entendre le bruit de ses os qui se brisaient.  Je lui envoyer mon pied au visage, éclatant sa mâchoire et son nez au passage. L’homme tomba à genoux sous la douleur. J’enjambais son corps et d’un mouvement vif et puissant je lui briser la nuque.  Il tomba face contre terre sans vie. Son sang se mêla aux excréments de  la ruelle. Je  scrutais l’obscurité au cas où d’autres hommes seraient embusqués quelque part.  Je ne repérais personne à part le clochard qui était demeuré caché sous les planches de bois depuis mon arrivée.
Je me dirigeais vers lui. Je sentais sa frayeur augmentait à mesure que je me rapprocher de lui. Je n’avais aucune envie qu’il fasse une crise cardiaque tout de suite.  Une fois à proximité, je m’accroupis de manière à me positionner au même niveau. Je plonger mes yeux dans son regard terroriser. Celui-là je l’avais déjà vu, il aurait pu être beau gosse s’il avait eu plus de chance. Ses yeux gris avaient dû  être saisissants à une époque. Avant l’opium et tout le reste.
-          Où est-il ?
Je n’avais pas besoin de lui préciser de qui je parlais, il savait déjà.
 Quelques années plutôt, Laurence m’avait présenté à certains de ses contacts et celui-ci en faisait parti. Les mendiants pouvaient être une source d’informations intéressantes. Parce que la société était conditionnée à les ignorer ils faisaient en quelques sortes partis des murs. Avec une simple pièce on pouvait apprendre des informations importantes qui pouvaient valoir une fortune. Ils avaient aussi la faculté de pouvoir circuler incognito, il était parfois difficile de reconnaitre un mendiant parmi un autre sous une telle couche de crasse.
-          Où est-il ? Je répétais
-          Je ne sais pas, je n’ai rien vu.
Il mentait. Il avait vu quelque chose.
-          Je ne suis pas venue pour te tuer, mais je pourrais changer d’avis si tu ne me réponds pas.
Le clochard cessa de respirer quelques secondes et se pissa dessus. Génial !
-          Alors où est-il ?
L’homme se mit à tousser et à cracher du sang. Il était mourant, ses poumons étaient atteints. La maladie avait gangréné tout ce qu’elle pouvait. Il ne devait  même pas lui rester une semaine à vivre. S’il le désirer je pouvais abréger ses souffrances des maintenant.
-          Des hommes sont venus et l’ont emmené avec eux.
-          C’était qui ? Tu as déjà vu l’un de ses hommes ?
Le clochard hocha la tête.
-          Réponds.
-          Je ne peux pas le  dire, gémit-il alors qu’une larme coulait lentement sur son visage marqué par les rides et la maladie.
Je lui tirais brutalement les cheveux et rapprocher nos visages.
-          Qui est-ce ? Répond  où tu seras le prochain.
-          L’ordre, croassa t-il, c’était l’ordre.
Il gémit et se recroquevilla sur lui-même.
-          L’homme qui vient de m’attaquer il était seul ?
-          Oui. Les autres sont tous partis.
Je relâchais l’homme qui retomba au milieu de la frange.
Je me redressais et quitter les lieux. Je n’avais plus rien à y faire. Quel que soit la manière dont il s’y était pris, Laurence avait marché sur les plates de bandes de l’ordre. Fais chier, je pouvais dire adieu à mon pognon.Je remontais la ruelle assez énervée et ce fut donc presque par hasard que je remarqué l’attroupent à quelques rues voisines. Je m’approchais et jouer des coudes pour m’incruster dans la foule compacte qui restait silencieuse lorsque je parvins au premier rang, j’aperçus à mon tour le corps nu à moitié enfouie dans les eaux usées où les chevaux allaient parfois s’abreuver.
                Le corps était livide, froid depuis plusieurs heures.  Il avait été torturé et brûlé à plusieurs endroits. A ses cotés nageaient des bout de doigts et un pied.  Si la tête était devenue méconnaissable le tatouage sur la hanche en revanche était à lui seul un carte d’identité. Laurence.  Le dos avait été balafré d’une grande marque faite au fer chaud. Un caducée inversé surmonté d’une tête de mort. L’ordre l’avait jugé coupable de frayer avec les nécromanciens. Des archimages capable de réveiller les morts. Du même genre que ceux que j’avais rencontré cette nuit.
                L’idiot ! A mon épaule, la besace sembla pesait une tonne. Laurence appartenait à une guilde il n’aurait jamais dû être exécuté de la sorte. Une enquête auprès de la guilde aurait dû être ouverte qui aurait ouvert un procès. Même un simulacre de procès aurait fait l’affaire.
                Laurence n’avait aucunes capacités magiques, aucuns pouvoirs. Il était surtout un bon informateur et avait de nombreux contacts et des relations hauts placées. Relations qui ne lui avaient pas servies à grand-chose pour le coup. Ça aurait pu être évité si la guilde des mercenaire c’était portée garante pour lui. Sauf qu’à la fin il ne faisait plus confiance à la guilde. Restait à savoir ce qu’il avait bien pu avouer et si mon nom avait filtré. L’un dans l’autre l’Ordre, ne connaissait pas mon existence et ignorait où j’avais pris mes quartiers mais il pourrait être simple de remonter jusqu’à moi en passant par Ludwig.

J’étais de nouveau au repaire des mercenaires. Lorsque j’entrais, je pris soin de fermer à porte derrière moi. On était en plein jour mais pour ce que cela m’importait cela ne serait en aucun cas un problème.
                Les trois poivrots étaient toujours là, affalés à leur table, ronflant bruyamment. Valh me fixa étonné. Il ne s’y attendait pas à première vue donc il pensait que j’aurais dû disparaitre  et ne pas revenir et ce manière définitive.
-              Il faut absolument que je vois Ludwig j’ai quelque chose d’important à lui dire.
J’espère que j’avais l’air suffisamment désespéré à ses yeux. Le barman  posa le verre qu’il tenait encore à la main sur le comptoir. Je fis mine de regarder autour de moi de manière apeurée.
- Attends la je vais voir s’il peut vous recevoir.
Vhal disparut par la petite porte mais contrairement à ce qu’il crut je ne lui obéit pas et le suivis aussitôt, justes quelques pas derrière. Je pouvais être aussi silencieuse qu’une autre. L’obscurité du couloir me permettait de me fondre aisément dans la masse de ténèbres. Lorsque j’arrivais il prenait ses ordres.
- Elle est revenue, je dois la faire attendre ?
- Il vaut mieux s’en débarrasser, répondit Ludwig. C’et une occasion à ne pas manquer. Elle risque d’attirer l’attention de la guilde toute entière.
- Va la chercher, renchérit l’ancien mercenaire.
                Le bureau avait disparu de même que les innombrables livres de comptes.
- Je vous en prie ne vous donner pas cette peine, je suis déjà là.
                Vhal se retourna subitement, pris par surprise mais il fut trop lent, je lui enfoncai mon poignard en plein cœur. Il s’écroula à terre sans même avoir le temps d’hoqueter. Il était déjà mort.
- Qu’est-ce que tu as fait ?
- ça se voit non ? Je viens de le tuer. Ça pose un problème ?
- Tu ne peux pas le tuer comme ça.
- Je ne vois pas pourquoi. N’était-ce pas ce que tu proposer de faire à mon endroit à l’instant même ?
-  Tu ne sais pas de quoi tu parles.
J’haussai les épaules.
- Possible mais je m’en fous. En fait  tu comptais prendre quelque vacance ?
                Je désignais sa malle et le sac noir à ses pieds.
- J’ai des choses à règles.
- Des choses à régler. Je m’avancer jusqu’à lui. Du genre Laurence.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
Je lâchais un rire  ironique. Encore cette rengaine.
- C’est vrai ? Et bien j’ai retrouvé Laurence. Le pauvre était nu à moitié noyé et mort par-dessus le marché.
- c’est vraiment triste mais je n’y peux rien. Ce sont les risques du métier.
- Oui tu as raison, ce sont les risques du métier. J’espère que l’ordre t’a bien payé pour ta trahison.
- Mais de quoi tu parles ? Dit-il étonner.
Non franchement il était très mauvais acteur.
- Allons soyons honnête, ajoutai-je, nous savons tous les deux que la bourse pleine d’or que tu caches sous la latte de ton plancher n’est pas venue toute seule.
Ludwig fronça les sourcils, accentuant les balafres sur son visage. Il se demandait comment je pouvais le savoir.
Une vague de culpabilité le submergea. Ce n’était même pas des remords pour avoir trahi un ami mais celui d’avoir était pris la main dans le sac. Une flambée de colère lui succéda, une colère dirigée vers moi.
- Qu’est-ce qu’il croyait. Les affaires allaient à va l’eau et lui s’amuser à aider les Ainmheas à sortir d’ici. Il trahissait son propre peuple.
- Alors tu as décidé de le trahir à ton tour auprès de l’ordre.
- Tu ne peux pas comprendre, tu ne viens pas d’ici. Tu es qu’une FENSP de niveau 2. Qu’est ce que tu peux comprendre à notre façon de vivre. L’Ordre est tout, l’ordre nous guide et nous protégé.
                Encore un grand malade endoctriné.
- Et quoi il t’a proposé la vie éternelle ou la rédemption  de ton âme?
- Vas te faire foutre salope !
- Pour ça c’est déjà fait depuis longtemps.
- Je verse 45% de nos recettes à l’ordre moyennant notre protection.
                45% était énorme. Si l’on retirait les salaires des mercenaires et l’entretien du lieu alors oui l’affaire n’était pas très fleurissante.
- Tu aurais pu demander l’aide de la guilde et du Conseil des guildes. Ils auraient pu t’octroyer un financement, ils auraient pu assurer la protection de Laurence et un procès.
                Ludwig eut un rire sans joie.
- Ici au fond du trou du monde ? Personne ne s’intéresse à nous.
- Alors tu as préféré trahir ton ami, ton meilleur homme. Je ne sais pas pour toi, mais je trouve que c’est une façon assez étriqué de voir l’affaire. Si tu savais déjà ce que ça allait te couter, tu n’aurais jamais dû ouvrir l’affaire. Je suis même surprise qu’elle aies tenue aussi longtemps vu les circonstances sauf si bien évidement depuis le départ tu recevais des pots de vin de l’ordre en échange d’informations.
Les battements de son cœur d’accélérèrent, il avait le souffle court. Je brulais. C’était bel et bien ce qui se passait. Je continuais de l’asticoter un peu plus.
- Laisse-moi deviner. Tu te renseigner sur les contrats, les affaires à suivre et tu les rapporter à l’Ordre lorsque cela pouvait les intéressaient. Sauf que Laurence avait découvert la vérité. Tu as essayé de le faire chanter mais il a menacé de révéler la vérité. Quelle aubaine cela a était pour toi de découvrir que derrière ton dos, il avait son propre réseau  de transport humains. Ce fut pour toi l’occasion de faire d’une pierre deux coups. Alors comment tu t’y es pris ? Tu las fait suivre et puis tu l’as attaqué par derrière avant de le remettre à l’ordre ?
- Non, j’ai envoyé Vhal le suivre. Il l’a suivis jusqu’à son repère dans le quartier de Supplicia. Là nous avons fait prévenir l’Ordre. Malheureusement le temps qu’ils arrivent Laurence était déjà parti. Heureusement l’ordre a pu mettre la main sur les ainmheas et les anéantir.
Le quartier de Supplicia, c’était là que Laurence m’avait donné rendez-vous. J’avais donc le fin mot de l’histoire sur l’assaut de la nuit dernière. Il était possible que Laurence soit allé se changer mais à son retour l’attaque avait déjà commencé. Il avait voulu se réfugier dans sa planque habituelle mais l’ordre qui avait déjà était informé de son existence l’avait cueillit en beauté.
Je m’approchais de Ludwig et lui caressais doucement la joue. Il n’y avait rien de menaçant  dans mon geste mais il était  complétement immobilisé. Je l’avais complétement subjugué, captivé.
- Maintenant je veux savoir une seule chose et tu vas me le dire n’est-ce pas ?
Ludwig hocha la tête docilement. C’était vraiment amusant. Il était entièrement sous mon contrôle, je pouvais l’obliger à se tuer lui-même et il n’aurait d’autre choix que de m’obéir.
- As-tu parlé de moi à quelqu’un ?
- Non.
- Tu es sûre ?
- Pas directement en tout cas. En passant j’ai peut-être qu’il y avait une femme, une étrangère qui travaillait avec Laurence mais je n’ai rien dit d’autre.
                À mes yeux c’était déjà beaucoup.
- Leur as-tu dis, quelle était la nature de mon contrat avec Laurence ?
- Non, je l’ignorais moi-même et Laurence n’a rien voulu me dire.
C’est déjà ça de pris.
- Tu vas mourir tu le sais n’est-ce pas ? Après tout ça je ne peux pas te laisser vivre.
- On peut trouver un arrangement, commença-t-il.
                Je me plaçais juste derrière lui, ma lame sur sa gorge.
- Non merci, susurrai-je à son oreille.
Je l’égorgeais d’un mouvement précis. La lame décrivit un arc de cercle et s’enfonça dans les chairs tendre de sa gorge. Du travail très propre.  Son corps eut quelques soubresauts et s’effondra mollement à terre. Je  dégageais l’aiguille que je lui avais lancé à la base de la nuque. Ces petites choses étaient de véritables merveilles. Elles permettaient d’immobiliser ses proies et de garantir une mort douloureuse et silencieuse.  C’était très important de mourir silencieusement quand on faisait mon métier. J’allais récupérer la bourse caché sous le plancher. Elle pesait un certain poids. Je l’ouvris. Pas mal.
- Merci beaucoup. Je saluais Ludwig ou plutôt son cadavre d’un mouvement de tête. Sache qu’elle est désormais entre de bonnes mains.
Je l’enfouis dans ma besace. Je retournais à la grande salle et dût me résoudre à m’occuper des trois clients. Je les égorgais chacun leur tour. Il n’y eut ni cri, ni râle de douler. Ils étaient tellement défoncés, qu’ils ne m’avaient même pas senti arrive lorsque je me suis attablé à leur côté.
C’était triste mais ils s’étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Maintenant que j’avais commencé, il valait mieux finir le travail bien comme il faut. Les pauvres étaient juste des dommages s collatéraux, des témoins susceptibles de me nuire dans le futur je proche.
Je m’emparais d’une lampe que j’allumais puis je regagnais le bureau de Ludwig. Je lâchais la lampe qui se prisa à terre. Le feu commença à dévorer son corps.
Le feu prendrais quelques minutes avant d’attirer l’attention, à ce moment-là, il sera déjà trop tard. Je sortis de l’établissement et  allai rejoindre le marché incognito.

J’étais retourné à l’auberge le plus rapidement possible. J’avais récupéré mes vêtements. En fait je n’avais pas beaucoup de choses à emporter. Je préférais voyager léger. Mes vêtements de cette nuit étaient encore humides mais je n’avais plus le temps d’attendre qu’ils sèchent. Je les rangeais dans mon sac de voyage. Je contemplais la petite fiole de verre, mes réserves étaient presque à plat. Je bus une gorgée et attendit quelques secondes qu’elle fasse effet. Une visite à Taddius s’imposait avant toute chose.
Je regardais la chambre une dernière fois. Elle était propre et vide.
Résultat de ces deux semaines, je me retrouvais  avec un œuf de dragon dont je ne savais que faire, une bourse pleine d’or, cinq cadavres supplémentaire que je dissimulais au fin fond de ma conscience et peut-être même l’ensemble de l’Ordre à mes trousses. On était qu’à la mi-journée.
J’enfilais mon long manteau noir dans lequel j’avais dissimulé quelques armes et sortis de la pièce. Je descendis rapidement l’escalier en bois et me rendis directement auprès de Shayleen. Je lui tendis la clé.
- Tenez.
- Merci. Vous partez déjà ?
- Oui. Je pense être resté plus longtemps que nécessaire.
- Comme c’est dommage.
Elle avait beau y avoir mis toute la tristesse dont elle était capable, elle mentait quand même. Elle était plus que contente de me voir décamper. Je ne pouvais pas l’en blâmer vu les cadavres que j’avais laissé derrière moi.
- Oui malheureusement, peut-être reviendrais je visiter votre charmant pays.
Je me dirigeais vers la porte et rabattis l’énorme capuche au-dessus de ma tête. Dehors le sol était recouvert de neige.
Je ne compreux semaines, ndit quelques secondes qu'es étaient presque à plat.cience et peut-nais vraiment pas comment les choses avaient pu dégénérer aussi rapidement. J’avais l’habitude de travailler avec Laurence. Il me proposait des contrats que j’acceptais où. Celui-ci m’avait alléché pour de mauvaises raisons. J’y avais vu une sorte de défi, un moyen de me tester. J’avais accepté après qu’on m’en ait présenté les grandes lignes. Il n’y avait rien de difficile. Une mission comme une autre. De l’argent facile en somme. Tu parles, si la police de l’ordre était à mes trousses, je ferais mieux de déguerpir. Ludwig avait une grosse gueule, bien sûre qu’il m’avait  balancé et l’Ordre de Skléridjen avait le moyen de faire parler les cadavres de toute façon.

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