Le
couple s’avançait à travers les rues obscures et désertes de Paris. Leurs pas
s’enfonçaient profondément dans la boue. C‘était la pleine lune. Il était près
de vingt-trois heures mais peu leur importait, ils avaient toute la vie devant
eux. Dans trois jours ils célébreraient leur noce. La jeune fille s’emmitoufla
plus profondément dans le manteau de son compagnon, s’accrochant encore plus fermement à son
bras.
Une
ombre apparut. La jeune fille leva instinctivement la tête. La forme d’un homme
se révélait sous la lumière de la lune, il était posté sur le toit d’une
maison. Soudain, il sauta sortant une épée et trancha l’air. La jeune fille
n’eut pas le temps de réagir une pluie de sang s’abattit sur son visage. Son
regard croisa des yeux sombres qui la fixèrent intensément. Son visage était à
moitié couvert par un foulard. La jeune fille regarda sur le côté. Son fiancé gisait mort au milieu
d’une mare de sang à ses pieds.
-Assassin, murmura
t-elle alors que l’homme se dirigeait
vers elle. Assassin ! Répéta t-elle.
Il
leva une main vers son visage. Dans son mouvement un pan de sa tunique s’ouvrit
dévoilant un tatouage, une sorte de petite marque tribale.
- Pourquoi faites-vous
pleuvoir sur moi une pluie de sang, murmura t-elle encore sous le choc.
- Pourquoi ? ASSASSIN ! Hurla t-elle enfin.
- Rayhanna, chuchota-il
en levant une main vers elle comme pour la rassurer.
Dis-moi, toi qui m’a tué une première fois, qu’attends tu de moi
désormais ?
Je t’ai cherché, je t’ai traqué, je voulais me venger de toi. Te faire
souffrir le plus possible autant que tu m’avais fait souffrir. Te faire
souffrir avant de t’achever, comme tu m’as achevé cette nuit là, cette nuit
funeste où je t’ai rencontré… Cette nuit. Car depuis lors, je me suis crût morte. Seul mon cœur
battait encore, mon âme s’était envolée, enfuie en même temps que l’être aimé.
Mais dans ma quête je n’ai pas prévue ce qui allait suivre.
Lequel de nous deux à trouver l’autre le premier ? Nous avons joué un jeu
dangereux et désormais il est trop tard
pour revenir en arrière, trop tard pour rectifier le passé…
Durant des semaines je me suis rappelé, durant des semaines j’ai revu ce
cauchemar. Je l’ai revécut des centaines de fois. Je le revoyais sans cesse et
j’avais l’impression que ce n’était pas moi.
Je les regarde, ils semblent heureux, insouciants, ignorant celui qui les guette.
Moi, je suis là, je leur cri d‘arrêter, je veux
les avertir mais ils ne m’entendent pas, ils ne me voient pas. Ils me
traversent comme si j’étais invisible. Et pourtant je t’ai vu…
Quelques secondes avant l’attaque. Tu as attiré mon attention, d’abord
ton ombre qui se découpait sur le sol et les maisons alentours. Je levai les
yeux vers le ciel, vers toi. Tu portais un foulard sur ton visage, ta silhouette
était éclairée par la pleine lune, tu paraissait tout droit sorti d’un conte.
Je t’ai regardé fascinée. Qui étais-tu ? Toi l’homme perchait sur un toit, dont on ne voyait luire que les
yeux. Toi, immobile, telle une statue de granite.
J’aurais pu faire quelque chose ! J’aurais dû réagir ! Si
j’avais su alors. Peux-tu comprendre la colère qui m’envahit par la
suite ? J’étais en colère contre moi-même qui n’avait pu faire le moindre
geste. Je n’ai rien fait pour le sauver alors que j’aurais pu. Je t’ai regardé
bondir et le tuer. Ton épée tranchant
l’air froid de la nuit, brisant le silence.La Lumière de la lune se reflétant
sur la lame aussi froide que la mort. Je sentis des gouttes tombaient sur mon
visage ! Mais en vérité ce n’était pas de l’eau.C’était du sang, son sang
à lui ! Le sang de mon fiancé.
Pourquoi as-tu fais pleuvoir sur moi cette pluie de sang ? La lune qui
était dorée quelques secondes auparavant
était devenue sombre et sanglante à mes yeux. Et pourtant, là encore je
continuais à te regarder, fascinée par ton regard sombre et sanglant. Fasciné malgré moi par le danger
que tu représentais pour ma vie.
Tu t’approchais de moi lentement. Assassin je le réalisais lorsque je vis
mon fiancé mort à mes pieds. Tu t’approchais toujours de la proie fascinait que
j’étais. Assassin, se mot se répéta inlassablement dans ma tête. J’étais
incapable de m’enfuir, incapable de bouger et… Tu as levé la main vers mon
visage. Ton geste avait entrouvert ta tunique et j’avais vu….Vu ce qui un jour
causerait ta perte. Je le gravais dans ma mémoire me jurant de ne pas
l’oublier. Ce que tu m’as offert cette nuit là, c’était l’étreinte glaciale de
la mort. Assassin, ce jour là tu as brisé ma vie, alors pourquoi ne m’as-tu
pas tué ? Pourquoi m’as-tu laissé
vivre ? Tu n’en avais pas le droit !
Par la suite, j’ai longtemps repensé aux évènements. Je suis restée
cloîtré dans ma chambre durant des jours. Je ne voulais plus vivre, je ne
voulais plus rien. La nourriture m’écoeurait. L’odeur du sang, cette odeur
métallique, écoeurante ne me quittait plus et m’accompagnait partout où
j’allai, cette odeur était désormais ma compagne de tous les instants.
J’avais tant pleuré, pleuré toutes les larmes de mon corps. Pleurer au
point d’en avoir mal à la tête, pleurer jusqu’à m’assécher, je n’avais plus de
larmes à versé, mes yeux rougis étaient désormais sec. La souffrance était toujours là mais j’étais incapable de la
soulager. Puis ensuite se sont installées la colère, l’amertume. Je réfléchissais
et plus je réfléchissais et plus l’idée que tu puisses être en vie alors que
lui était mort me devenait insupportable. Je ne pouvais le supporter davantage.
Je m’accrochais aux lambeaux de vie que tu m’avais laissé. La haine et mon
désir de vengeance. Ce que tu m’avais enseigné, ce que tu m’avais appris sans
le savoir. Les gens pouvaient tuer pour survivre mais à mes yeux toi, tu tuer
pour le plaisir. Le plaisir de voir souffrir les autres, les vivants. Un désir
puissant et intenable, le poison s’était installé, il me nourrissait. Te tuer
était devenu pour moi mon moyen de survie, la seule façon pour moi de revivre
un jour.Le goût de la vengeance si enivrant, si exaltant m’envahissait. Je
n’avais plus de remords à avoir, pourquoi me culpabiliser lorsque tu étais le
seul responsable de ma souffrance.
Alors je suis partie à ta recherche, j’ai fuis mon oncle, ma seule
famille. Mes parents étaient morts alors que je n’étais qu’un nourrisson. Ils
étaient morts assassiner eux aussi. Peut-être une malédiction familiale ?
Quelle ironie du sort non ?
J’espérais que mon oncle croit à mon suicidé. Incapable de survivre à la mort de mon
fiancé, sa mort m’avait anéantie, me faisant perdre la raison. Mais je me trompais
n’est-ce pas ? Cependant cette solution aurait été tellement préférable, cela
aurait évité tellement de choses. Cela aurait simplifié tant de choses.
En cet instant où je t’écris, la culpabilité me ronge et me dévore.
Étrangement les dernières heures qu’il me reste c’est à toi que je les dédie «
Mon Assassin ».
Tu n’étais qu’une ombre, un regard, une marque et je suis allée à ta
recherche ignorant par où commencer. Perdue, plusieurs fois, j’ai voulu
renoncer mais ma haine pour toi était trop forte. J’ai parcouru les rues de
Paris et les alentours mais tu n’étais pas là. Le temps passé et je me
désespérait. Prête à renoncer à mon projet mais les souvenirs qui me hantaient
me l’interdisaient.
Dans ma quête j’ai rencontré un homme le sais-tu ? Tu crois réellement me
connaître
« Mon Assassin » ? Mais ce n’est pas le cas. Je t’ai revu cette nuit là. T’en souviens-tu
?
J’avais quitté l’auberge malgré son avertissement et ils étaient là. Ils
m’avaient attendu. Ils étaient deux. Je me souviens. Je marchais précipitamment
resserrant ma cape autour de mes épaules. Le bruit se répétait. Effrayée je
voulu courir mais je réussi à me contrôler et continuer à marcher en accélérant
l’allure pour atteindre l’autre côté de la rue.
Lorsqu’ils apparurent.
Sais-tu ? J’ai crû que c’était toi. Il y avait quelqu’un d’autre derrière
moi, j’étais cerné. J’avais imaginé toutes les situations mais pas cela, que tu
puisses ne pas être seul lorsque tu m’attaquerais. J’étais coincé, incapable de
fuir. Mais ce n’était pas toi, c’était quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’autre que
toi désirais ma mort. Je n’avais jamais envisageais cette possibilité. L’homme
qui se trouvait derrière moi me tordit le bras. J’hurlais sous la douleur, il
me tira les cheveux en arrière et me mit un couteau sous la gorge. « Attends »
L’arrêta son compagnon. Je crû qu’il voulais m’aider. Qu’il avait eu pitié de
moi. Mais je me trompais, mes illusions volèrent en éclat. Ce qu’ils voulaient
c’était profité de moi. Mes larmes glissèrent le long de mes joues. Leur goût
salé et amer humidifiait ma gorge devenue sèche. En cet instant je pleurais sur
mon œuvre inachevée. Sur ma vengeance inaccomplie. Ils fouillaient sous mes
jupes alors que je tentais de lancer des coups de pieds essayant de griffer
pour les éloigner de moi. Mais c’était peine perdue, ils se moquaient de ma
faiblesse. Ma les excités davantage. Je me sentais si faible, si démunie alors
qu’ils me griffaient les cuisses, essayant de m’arracher mes jupons. A cet
instant, je me damnais de ne pas avoir écouter les conseils de cet homme, cet
étranger. Mais j’étais si bornée.
Non !
Puis tu es apparu, tel un vengeur masqué. Pourquoi ? Je t’ai reconnu. Tu
semblais identique, aussi impassible que la dernière fois.et tout comme la
dernière fois, tu les as tué froidement, rapidement.
Assassin c’est ton métier n’est-ce pas ? T’arrives –t-il d’éprouver du
remords lorsque tu tues ainsi ? Tu m’as regardé avec des yeux brûlant de
haine et de rage. Tu t’es approché de moi lentement. Tu semblais en colère.
Etais-ce le cas ?je t’ai menacé.
TU AS TUE MON FIANCE ! Je ne pouvais
penser à autre chose. Je voulais te tuer et toi en retour tu m’as sauvé
la vie, tu m’as défié. J’avais l’impression que cette situation t’amusait, te
divertissait. Tu te moquais de moi et la colère montait en moi. « Je te tuerais ! ». Et toi, je t’imaginais
sourire sous ton foulard. Un sourire narquois, ironique. Comme si ma douleur
n’avait aucune importance pour toi, je voulais que tu souffres. Ce n’était pas
juste ! Tu m’as défié, « Retrouves-moi. » m’as-tu soufflé. Et ensuite je n’ai
plus rien maîtrisé. J’ai perdu toute notion de la réalité.
Tu m’as embrassé, brusquement, brutalement, passionnément. Tu m’as donné
ce qu’aucun homme avant toi n’avait fait. J’ai senti ta langue s'insinuait dans
ma bouche, tes doigts derrière ma nuque me faisaient tressaillir. Je voulais te
repousser mais je n’en avais pas la force. Le baiser que tu me donnais me
faisait perdre les sens. Je gémis sous les caresses de ta langue. Je sentis tes
bras m’enserraient la taille. Ta force, une force brutale presque animale Une vague de plaisir
m’envahit. Sans m’en rendre compte je me collais à toi, m’accrochais à toi. Tu
éveillais des sensations jusque là inconnues pour moi.
Et ensuite, tu m’as repoussé. Tu m’as laissé seule au milieu de la rue
obscure. Perdue. Je t’ai haï davantage. Comme je t’ai haï ! De quel droit
m’avais-tu traité ainsi ? Je me sentais bafouer. Je me demandai jusqu’où ta
cruauté pouvait aller. J’avais mal. Tu m’avais pris la seule personne qui avait
le droit de me toucher comme tu l’avais fait. Tu m’avais interdit d’être une
femme !et tu avais pris l’honneur qui me restait. Je me sentais souiller par
tes mains pleines de sang.
Te tuer, me venger c’était la seule chose qui me permettait de
garder un minimum de lucidité, la seule chose qui m’empêchait de repenser aux
sensations que tu avais éveillé en moi. Mais c’était peine perdue pour moi. Je
repensais chaque jour à tes mains posées sur mon corps, ces mains qui m’avaient
enlacé, ces mains qui m’avaient caressaient. Ta langue qui me chatouillait la
nuque me faisant frissonner. La nuit, seule, j’imaginais la suite. Je caressais mon corps
en pensant que c’était toi, en pensant que tu étais collé contre moi. La
douleur que j’éprouvais au creux des reins me laissait hagarde, frissonnante et
surtout, insatisfaite.je brûlait de désir pour l’homme que j’haïssais le plus.
Quel dilemme n’est-ce pas ? Mais pour moi, cela faisait parti de tom plan
pour me rendre plus faible, plus vulnérable
Comme j’avais honte de moi, je
trahissais sa mémoire. Je désirais son
assassin. Et au fond je crois que cette idée, même si elle était difficile à
l’avouer pour moi, m’excitait encore davantage. Tu me perdais. Comment
pouvais-je me regarder dans une glace ? Tu n’étais qu’un regard et pourtant tu
m’obsédais littéralement. Et la seule façon de mettre fin à cette obsession
était de te tuer, mettre fin à ton existence. Que tu n’existes plus. Que je
puisse enfin reprendre ma vie en main. Ou le rejoindre lui.
En vérité, cette nuit là je me
suis rendue compte que malgré mes dires, je n’étais pas encore de taille à
lutter contre toi. Tu étais bien trop fort. Il me fallait apprendre alors j’ai
fait la seule chose possible
Cet homme que j’ai rencontré dans l’auberge je lui demandai de
m’aider. Il m’avait dit qu’il connaissait du monde, qu’il avait beaucoup de
relations. Alors il était ma chance. Il
lui suffisait de découvrir où tu te trouvais en échange de quoi je lui
offrirais ce qu’il désirait le moment venu. Il est inutile de te décrire ma
rencontre avec cette homme je pense que tu es au courant. Devrais-je te
rappeler que grâce à lui j’ai pu
demeurer à l’auberge nourrit loger en échange j’étais serveuse. En d’autres
circonstances je n’aurais jamais accepté un tel pacte, mais pour toi j’étais
prête à tout pour te retrouver. Je n’avais plus rien à perdre. Plus d’honneur,
plus d’avenir.
Ma vie s’organisa ainsi, serveuse le matin en compagnie de Feliz
l’aubergiste et le soir j’attendais avec impatience les nouvelles qu’il me
ramènerait. Il me faisait oublier mes angoisses, il me faisait rire. Parfois il
me faisait t’oublier, me donnant l’espoir qu’un jour tout irait mieux. Cet
inconnu rencontré un soir dans une auberge m'intrigua, je ne voulais pas
l’admettre mais il ne me laissait pas indifférente. Il était jeune, un peu plus
d’une vingtaine d’années. Il était beau. En fait, la première fois que je le
vis je le pris pour un dandy avec ses vêtements à la coupe impeccable, sa
coiffure à la dernière mode. Ses manières élégantes et étudiées, ses mains si
soignées. Je me disais qu’il devait fréquenter les salons et la bonne société
parisienne. Il me montrait l’image d’un monde tout droit sorti d’un conte de
fées avec des princesses belles comme le jour et des princes courageux. Quelle
jeune fille de mon âge n’avait rêvé d’une telle vie. Une vie de luxe et de
merveilles. Une vie de privilèges.
Mais je me trompais n’est-ce pas ?
Il était dangereux. Il était dangereux pour les femmes. Ces femmes que je
voyais chaque soir à son bras. Ces femmes qui étaient incapable de résister à
sa terrible séduction.
Mais moi je voyais un
autre danger. Sous ses airs frivoles, il pouvait se montrer aussi dur que de
l’acier. Son regard pouvait se durcir d’un instant à l’autre. Son regard
profond mystérieux aussi insondable que le tien. Sais-tu à quel point il
pouvait me faire penser à toi? Il m’attirait. Je ne savais rien de lui et
pourtant il me semblait qu’il savait des choses à mon sujet que moi-même
j’ignorais. Qui était-il ? Que faisait-il réellement ? Je n’avais pas de
réponses à ses questions. Mais, il pouvait
être dangereux pour moi, je le sentais et le danger qu’il représentait
m’attirer encore davantage. Je me retrouvais partager entre toi et lui,
lequel était le plus dangereux des
deux? Lequel choisir ? Vous représentiez
tant de mystères chacun à votre façon, tant de différences mais aussi tant de
points communs. Il était le jour comme tu étais ma nuit.
Le sang, la mort, le désespoir.
Je me réveillais en sursaut, la fenêtre de ma chambre était ouverte, un
courant d’air froid balayait la pièce plongée dans l’obscurité.
Encore un cauchemar, toujours le même cauchemar. Après tous ces mois,
beaucoup de choses m’échappaient encore. Je demeurais souvent l’oreille aux
aguets, écoutant le vent qui mugissait dehors. La nuit seule dans ma solitude,
seule avec mes souvenirs qui je le croyais alors me hanteraient jusqu’à la fin
de ma vie tant que ma vengeance ne serait pas accomplie. Pourquoi lui ? Je ne
comprenais pas, il était innocent! Je n’avais plus de larmes mais la souffrance
était encore là.
Dis-moi, toi qui m’as tué une première fois, cette nuit là as-tu prononcé
mon nom où étais-ce seulement un rêve ? Etait-ce seulement le fruit de mon
imagination ? Cette impression de te connaître m’effrayait, c’était comme
si nous avions déjà partagé un passé commun. Je voulais tant comprendre. Et
pourtant tout m’échappait.
Je l’attendais impatiemment. Cet homme qui m’avait promis de m’aider.
Chaque soir sans que je m’en rende compte j’allais me changer, me laver et
mettais quelques gouttes de parfum. Je croyais que c’était par simple
coquetterie féminine ou pour imiter ces femmes qui l’accompagnaient chaque
soir. Je ne comprenais pas encore mes propres sentiments. Mais lui, lui n’à
jamais rien remarqué. Il venait accompagné de sa nouvelle maîtresse, nous
racontait les quelques anecdotes de salon puis il montait à l’étage.
Pourquoi devait-il se soucier d’une gamine qui se morfondait après son
fiancé défunt. Pourquoi se soucierait-il d’une gamine lorsqu’il avait toutes
les femmes qu’il désirait à ses pieds. Il ne s’est jamais rendu compte de ce
que je pouvais éprouver pour lui et moi, je me taisais, m’enfermant dans mon
silence qui m’étouffait. Un silence qui me tuait. Il me remarquait à peine.
Pour lui je n’étais qu’une gamine avec qui il avait affaire, une gamine avec
qui il avait passé un pacte.
Mais de ce qui se passait à l’étage, je n’ignorait rien. J’entendais
souvent des soupirs étouffés, le lit mugir sous les poids des corps. Et moi
seule dans ma chambre je me bouchais les oreilles pour ne plus rien entendre.
Mais la curiosité était si forte. J’imaginais chacun de ses gestes, chacun des
mots doux qu’il pouvait murmurer à l’oreille de ces femmes de la haute société.
Ses mains sur ma peau, le frôlement de ses lèvres que j’imaginais douces, ses
caresses légères et expertes.. Et à son image venait se superposait la tienne.
Mais à cette époque je ne comprenais pas encore ce qu’il faisait vraiment, ce
qu’il était, ce qu’il faisait vraiment. Peut-être en aurais-je été scandalisé.
La vie m’avait mise dans des situations que mon éducation ne m’avait pas appris
à gérer, des situations inconvenantes scandaleuses qu’en tout état de cause
j’aurais dû fuir.mais quelles importances les convenances désormais ?
« Mon Assassin » tu m’as fait ressentir des choses que je ne parvenais
pas à oublier. Tel était ton intention n’est-ce pas ? Ne pas t’oublier. Et à ce
moment là de ma vie je voulais les découvrir avec un autre homme que toi. Et je
me condamnais, j’avais honte de me sentir ainsi, j’avais honte de ce désir que
je n’aurais dû réserver qu’à mon fiancé défunt. C’était une insulte à sa
mémoire.
J’étais si naïve.
Un soir, il arriva plus tard que d’habitude. Je l’avais attendu
impatiente, agitée. Je m’étais angoissé sous l’œil amusé de Feliz. Je ne me
comprenais pas, j’attendais son retour avec impatience et pourtant je savais
qu’il ne m’accorderait que très peu d’importance avant d’être de nouveau
accaparé par la nouvelle maîtresse qui l’accompagnerait ce soir là.Enfin il
vint.
Il paraissait soucieux et étrangement personne ne l’accompagnait, il
était seul. Je me précipitai à sa table une carafe d’eau à la main. Il resta
silencieux quelques minutes. Respectant son silence, j’attendis. Enfin il
parla. Il m’apprit que d’autres cadavres avaient été découverts. D’après
certains témoignages des personnes t’auraient aperçues. Toi « Mon
Assassin ».
Était-ce toi ?
De toute façon je sais que tu ne me répondras pas ? L’inconnu était
ébranlé, comme s’il n’avait pas envisagé que tu serais si implacable, si
dangereux. Tu devenais un tueur en série. Il paraissait si ébranlé mais moi
cela ne m’étonnais pas après tout tu étais un assassin n’est-ce pas ?
« Rentres chez toi » Ce fut la
seule chose qu’il me dit. Il essayait de me convaincre de rejoindre mon oncle
mais je ne voulais pas. Je restais, m’entêtant dans ma décision. Je devais te
tuer de mes propres mains. Je me souviens du regard qu’il me lança. Il y avait
une telle tristesse dans ses yeux. C’était des yeux si tristes qu’ils me
blessèrent, ils me poignardèrent. Sur le coup je fus tenter de lui obéir et de
rentrer mais j’essayai malgré tout de rester sur mes positions. Instinctivement
je portai ma main à sa joue que je caressais légèrement. Je voulais le
rassurer, je n’avais rien à craindre et je n’étais pas facile à tuer.
Mais je me trompais là aussi sur la signification de ce regard n’est-ce
pas ? Je ne pouvais pas comprendre alors son tourment, son angoisse.
J’espérais que ma présence pourrait le soulager. Quelle présomption de ma part
non ? Cependant je peux te l’avouer n’est-ce pas ? A ce moment là je
rêvais de l’embrasser. J’étais curieuse de l’effet que cela aurait sur moi.
Serait-ce comme avec toi ou mieux encore? Je le désirais cet homme qui te
ressemblait tant, je me demandais presque si
mon obsession pour toi ne me poussait pas vers lui. Mais, cela n’avait
rien à voir n’est-ce pas ? Si je le désirais c’était pour une autre raison que
je n’allais pas tarder à découvrir.
L’aube était levée depuis des heures et je ne l’avais pas vu descendre.
Je m’inquiétais. Peut-être était-il malade ? Je demandais à Féliz qui
m’indiqua sa chambre. Je frappais à la porte mais personne ne me répondit.
J’entrai. Il était seul, plongé dans un profond sommeil. Il ne m’avait pas
entendu. Je me penchais au-dessus de lui. Je me demandais à quoi il pouvait
bien rêver. C’était la première fois que je le voyais aussi vulnérable. Il
ressemblait à un enfant. Je lui caressais légèrement la joue. Il ne tressaillit
même pas. Alors je ne pus m’en empêcher. Je voulais savoir quel effet cela
ferait. Je l’embrassai légèrement sur les lèvres. Elles étaient douces et
tièdes. Je me redressai rapidement effrayé à l’idée que quelqu’un ou lui-même
me surprenne. Cependant je n’étais pas satisfaite. Je passais plusieurs fois ma
langue sur mes lèvres. Je ne pouvais pas dire que c’était un baiser. Je ne
savais pas comment m’y prendre car je n’avais jamais embrassé personne, sauf
toi évidemment. Mais ce baiser, se fut toi qui me l’avait donné. En tout cas
je t’avoue que j’avais apprécié mais je demeurais insatisfaite.
Je suis sûre que tu as dû te demander à plusieurs reprises quand est-ce
que j’ai su et comment? N’est-ce pas que cela t’a intrigué ? En tout cas, j’espère que ce fut le cas. Permets moi
d’avoir une petite satisfaction personnelle. Ce fut au moment de quitter la
chambre.
Un hasard dirait-on car j’aurais pu partir s’en m’en apercevoir. Après
l’avoir embrassé il bougea, laissant sa poitrine à découvert. Ce fut alors que
je le vis. Je l’avais mémorisé point par point. Il n’y avait aucun doute
possible c’était le même tatouage.
Le tatouage sur ton sein gauche
t’avait trahi.
C’était toi ! Depuis le début c’était toi ! Tu m’avais menti, trahi
trompé ! Tu t’étais joué de moi ! Depuis le début tu m’avais promis de trouver
l’assassin que je cherchais alors que c’était toi ! Peux-tu savoir ce que j’ai
pu ressentir à ce moment là. A cet instant, tu m’as tué une seconde fois.
Sais-tu à quel point tu es passé si prés de la mort ce jour là ? Je voulais te
tuer. Il me semblait que la folie allait me submerger. Quel genre d’homme
machiavélique pouvait s’amuser de la sorte ? Durant toutes ces semaines tu m’as
torturé, tu m’as humilié et moi je te croyais car je ne savais pas qui tu étais
vraiment. J’avais mal ! Tellement mal !
Et pas un instant tu ne t’en ai douté. Comme je t’ai haï !
J’ai préféré quitter la chambre silencieusement pour me réfugier
dans la mienne et j’ai pleuré alors que j’avais crû que je n’avais plus de
larmes. Il fallait que je te fasse payer cet affront. Tu as joué un jeu cruel
avec moi le sais-tu ?je croyais pleurer la mort de mon fiancé mais c’était sur ma
crédulité et sur le gouffre que représentaient pour moi les sentiments que
j’avais pu ressentir à ton encontre.
Alors j’ai décidé de mettre un plan à exécution. Au final le plus
important, c’était que j’avais fini par te trouvé peu importe ensuite le temps
que je mettrai pour te tuer, peu importe les moyens. Je deviendrais le chasseur
et toi la proie. Tu m’as trahi de la pire des manières. Je devais faire
disparaître tout ce que je pouvais bien ressentir pour toi. Car je venais de
réaliser que dans mon innocence j’étais tombé amoureuse de toi. Toutes ces
petites coquetteries c’était parce que j’étais tombée amoureuse de toi. Toi
l’assassin qui avait tué mon fiancé, toi
« Mon Assassin». Tu le savais n’est-ce pas ? Tu savais ce que
j’éprouvais pour toi. C’était ton but, me rendre misérable. Comme tu t’es joué
de moi ! Comme je t’en ai
voulu !!
Te séduire, c’était cela mon plan. Pas une seule fois tu ne t’es rendue
compte que je savais tout. Je voulais te séduire comme Dalila a séduit Samson.
Te rendre vulnérable, à ma merci pour mieux t’achever. Telle une araignée j’ai
tissé ma toile autour de toi pour que pendant un laps de temps même très court
tu sois à ma merci. Je te souriais, je
m’habillais pour que tu me remarques, je tournoyais devant toi pour que tu
m’admires ! Et chaque nuit seule dans ma chambre je caressait amoureusement,
comme s’il s’agissait de mon amant, la petite dague qui se trouvait dans mon
petit coffre de bois sculptée. Une si petite dague, dont le manche était en
ivoire. Une dague dont la lame avait été finement travaillée au point d’être
aussi tranchante que le rasoir. Je la caressais. Elle me consolait me rassurait
car bientôt je savais que ce serait dans ton cœur qu’elle serait logée !
Si fragile et si forte.
Cela a marché n’est-ce pas ? M’as-tu aimais même un peu ? Aujourd’hui
cela n’a plus d’importance soit seulement honnête avec toi-même. Ou bien
pensais-tu que c’était la suite logique de ton plan diabolique ?
Enfin il y eut cette nuit où tu m’as emmené au théâtre pour voir une
adaptation de la célèbre pièce de Corneille « Le Cid ». Pour tout t’avouais
cette soirée m’avait enchanté. Au fond de moi j’avais l’impression d’être cette
pauvre Chimène éperdument amoureuse de l’homme qui avait tué son père, le beau
Rodrigue. Et toi étais-tu Rodrigue ?
Nous revenions enlacer, étroitement serrer l’un contre l’autre sous la
lumière de la pleine lune. Nous marchions insouciant, heureux de la soirée que
nous venons de passer ensemble et de la promesse des prochains jours que nous
passerons ensemble.
Cela te rappelles
quelque chose Non ?
Nous marchions lorsque des ombres se profilèrent autour de nous.
Une dizaine d’hommes armés nous encerclés. Ils étaient armés jusqu’aux dents.
Ils nous attaquèrent, tu sortis ton épée, me repoussant derrière toi, prêt à
contrer l’assaut. Je t’ai admiré le sais-tu ? Je t’ai trouvé si beau si plein
de vie. Je ne risquais rien et pourtant je me surprenais à trembler. Pour toi.
Tu te battais magnifiquement mais après tout, tu étais un assassin et cela
prouvait que je ne m’étais pas trompé. Tu étais bien celui que je cherchais. Tu
les as repoussé, tuant la moitié d’entre eux avant de me saisir par la main et
de m’entraîner dans une course folle à travers les rues de Paris. Puis nous
sommes arrivés à l’auberge. Tout le monde dormait. Tout était silencieux. Mais
pour toi ce n’était pas un problème tu n’étais pas obliger de passer par la
porte.
Cette nuit là te souviens-tu ? Oui, je suis sûre que t’en souviens.
C’était pensais- tu ta victoire.
Tu m’as caressé le visage et lentement tu m’as embrassé. J’aimais tes
caresses sur mon corps, tes baisers qui me faisaient vibrer. Nous avons fait
l’amour lentement, doucement. Et l’espace d’un instant j’ai cru que tu était
attentionné avec moi car tu ne voulais pas me faire mal. Je vibrais sous tes
caresses, je sentais ta chaleur, la saveur satinée de ta peau. Je me perdais
dans ton odeur. Je voulais que tu me prennes, en cet instant, je voulais être à
toi. Lorsque tu entrais en moi je sentis une douleur qui disparut rapidement
devant la vague de plaisir qui me submergeait. Je bougeais en accord avec toi
dans un long va et vient. J’haletais, frissonnante contre toi je me pelotonnais
ronronnant sous tes caresses. Tu me fis femme, éveillant mon corps à ma propre
sensualité.
Était-ce cela l’amour ? J’avais
faim de toi. Je te désirais au-delà de tout ce que tu pouvais imaginer. J’en
voulais encore plus. Chacune de tes caresses agissaient comme un enchantement.
Je gémis, hurlant presque, empoignant tes cheveux à pleines mains tandis
qu’avec ta langue tu faisais de mon corps un instrument d’où tu sortais une
musique voluptueuse et effrénée. J’avais mal de te désirer, mon corps te
réclamait sans cesse comme si le brasier que tu avais allumé en moi ne
s’éteindrait jamais. Nos corps se mêlaient dans une danse folle, se fondant
l’un dans l’autre. Je jouissais, sentant mon corps se tendre comme s’il
désirait atteindre l’infini, comme si le plaisir qu’il recevait était si
intense qu’il ne pourrait jamais le contenir. Nous étions emporté dans le tourbillon
de l’extase pour retomber quelques minutes plus tard haletant mais encore
affamés l’un de l’autre.
Combien de temps durèrent nos étreintes ? Dis-moi m’as-tu un peu aimé
alors ?
Je t’ai regardé dormir. Tu étais si vulnérable, nu prés de moi,
inconscient du danger qui te guettait. Inconscient de la dague sous ta gorge. Je pouvais trancher le
fil de ta vie si facilement, une simple entaille au niveau de la jugulaire.
Même en cet instant je crois que je t’ai aimé et c’est sans doute pour ça que
je t’ai tant haïe, incapable de contrôler les sentiments que je ne voulais pas
ressentir vis-à-vis de toi. Je devais te tuer, il le fallait.
Alors tu as compris n’est-ce pas ? J’avais organisé l’attaque de cette
nuit là, je voulais que tu te rappelles, que tu saches ce que l’on pouvait
éprouver devant des assassins. Tu crois que cette nuit a été ta victoire, mais
ce n’est pas le cas, nous avons fait l’amour parce que je l’ai voulu, nous
avons fait l’amour lorsque je l’ai choisi, au moment où je l’ai décidé.
Tu as compris maintenant ? Tout était préparé rien n’avait été laissé au
hasard. Je voulais être ton égale, aussi machiavélique que toi. J’imaginais la
jubilation que tu pouvais ressentir après ton acte accompli. Quelle
satisfaction de pouvoir prendre la femme de l’homme qu’on avait
assassiné ! Quelle satisfaction de pouvoir se moquait d’elle. Etais-je
seulement une opportunité pour toi ? Celle qui ouvrirait les cuisses
lorsque tu en aurais l’envie. Etais-je ta putain ?comme toi tu avais étais
l’esclave de toutes ses femmes. Car c’était ce que tu faisait n’est-ce
pas ? Tu étais un gigolo. Tu couchais avec elles en échange tu avais des
informations et de l’argent. Tu n’étais rien que l’esclave sexuel de ces
femmes.
Je me suis mise sur toi à califourchon, je posai une main sur ta
poitrine, là où se trouvait le tatouage qui t’a trahi. Je pouvais entendre les
battements de ton cœur, je me demandais…. Non rien, cela n’a pas la moindre
importance désormais. Enfin tu t’es réveillé. Tu compris immédiatement n’est-ce
pas ? Je savais tout. Pourtant tu n’avais rien fait, préférant te taire tandis que je t’accusais. TU AS TUE MON
FIANCE ! Tu ne réagissais pas comme si cela n’avait pas la moindre importance
pour toi. Tu t’en moquais de mourir ou pas.
Dis-moi as-tu eu peur de mourir en cet instant ? Tu m’as regardé avec des
yeux si tristes comme si tu avais pitié de moi. Je t’avais à ma portée et
pourtant une seule phrase avait suffit à me troubler. « Mon oncle ne serait pas de cet avis hein ? »
Pourtant tu as profité de cet instant d’hésitation pour te libérer de ma menace
et me désarmer. Tu te tenais nu devant moi et tu parvenais à dominer la
situation. Tu paraissait si fort, si déterminer, si indomptable, si invincible.
J’avais l’impression que tu allais me briser. Mais là aussi tu ne m’as pas tué.
Pourquoi alors que je savais tout, alors que j’étais une menace pour toi ?
Chacune de tes décisions m’a déstabilisé. Tu ne faisais rien comme les
autres. Était-ce pour cette raison que tu paraissais si fort à mes yeux ?
« JE TE HAIS !!! » .Cette phrase je te l’ai hurlé tellement de fois
qu’elle m’était devenue un leitmotiv presque rassurant.
La maison. C’était sans doute le seul endroit où je me sentirais en
sécurité.
La maison était silencieuse, il n y avait
personne sauf une jeune esclave qui préparait le dîner. « Maîtresse »
m’appela t-elle. Cela me semblait si bizarre après tous ces mois d’être appelé
ainsi.
Ils avaient été inquiets de ma disparition mais le maître avait toujours
crû à mon retour il disait qu’un ange gardien veillait sur moi. Mon oncle
s’était rendu auprès de la famille de mon fiancé défunt. Ils n’habitaient pas
bien loin...
Lorsque j’arrivais le grillage
était ouvert pourtant il n’y avait personne aux alentours. J’entrai à l’intérieur de la maison, il n’y avait
personne mais j’entendis des petits bruits provenant de l’étage. Je montai les
escaliers doucement une étrange sensation m’envahit, une boule se forma au
creux de mon estomac. La porte du bureau était entrebâillée.
Il était là, allongé sur le sol au milieu d’une mare de
sang. « Mon oncle ! » Je couru prés de lui, il respirait à peine, mais il me
reconnut et sourit. Il était soulagé de me voir alors que lui même était
mourant. « Désolé, tu aurais dû le savoir, fais lui confiance » souffla t-il
avant de fermer les yeux. Je le secouai il ne pouvais pas être mort et me
laisser toute seule. « Je vous en prie mon Dieu ! » Je suppliai le ciel qu’il me le rende mais
c’était inutile, il était parti et jamais plus il ne reviendrait. Je sanglotais
doucement contre sa poitrine lorsque j’entendis un crissement. Je me
retournais.
Tu étais là ! Quelque part en moi cela ne m’étonnait pas, comme si
je m’y étais attendu. Assassin tu avais tué mon oncle, tu étais responsable de
sa mort comme celle de tous les autres. Désespérée, la rage qui m’envahissait
été incontrôlable. Et tu y assistais impuissant. Je me saisis de l’arme posée
prés du corps sans vie de mon oncle. Cette arme qui l’avait tuée et la pointée
vers toi. Je te vis ouvrir la bouche pour parler. Je te vois bouger tes lèvres
mais aucun son ne me parvient.
Assassin ! J’ai tiré sur toi une première fois mais je t’ai arrêté. Alors
rapidement tu m’as désarmée me saisissant à la gorge. Me plaquant contre le
mur, tu me retenais prisonnière. Je voulais te frapper, agitant les poings dans
tous les sens tandis que s’en m’en rendre compte les larmes coulaient sur mon
visage. Je t’ai griffé au visage. Tu avais du mal à me contrôler. Toute ma
souffrance je la rejetais sur toi. C’était ta faute tout cela !
Et comme d’habitude, tu agis là encore d’une manière inimaginable,
improbable, tu m’embrassais. Pourquoi ? Alors que je te frappais la poitrine
pour échapper à ton étreinte tu resserrais tes bras autour de moi comme un
étau. Et tu ne cessais de m’embrasser alors que moi je faisais claquer mes
dents pour te mordre. Plus les secondes passées et plus je me sentais fatiguée,
éreintée comme si je n’avais plus de force. Je me laisser aller à ton étreinte
qui au fond n’était pas désagréable du tout. Je répondais à tes baisers, m’agrippant
à toi comme à une bouée de sauvetage. A ce moment là tu étais mon port de
salut, mon oxygène qui me permettait de rester en vie, de ne pas devenir folle
même si toi-même me rendait folle. Le désir que tu éveillas en moi en cet
instant était intense et à la fois douloureux, il faisait si mal. Je me
laissais aller contre toi. Tu me renversais en arrière. Tu me fis l’amour alors
que mon oncle gisait mort à côté de nous. Tu me fis l’amour et j’en
redemandais. Comme la première fois, la vague de plaisir m’emporta loin de ce
monde. Ma tête me disait de te haïr mais étrangement, mon corps et mon cœur
réagissaient d’une toute autre manière et volaient vers toi.
C’était ta manière à toi de me consoler.mais je ne l’avais pas compris
alors. J’avais tout perdu.
Je me réveillais seule dans ma chambre. Les rideaux étaient fermés. Il
n’y avait aucuns bruits. La honte me submergeait. Je te hais tant et je t’aime
tant à la fois. J’ignore quels choix faire. Tu avais tué tous ceux que j’aimais
et je ne savais plus quoi faire. Ce qui s’était passé entre nous était mon
secret, personne ne devait savoir sinon…Sinon j’ignorais les conséquences mais
elles seraient funestes.
Tout le reste de la semaine on organisa l’enterrement de mon oncle. Les gens passaient me faisant
part de leurs condoléances. La plupart d’entre eux, je ne les connaissais pas
mais ils se pressaient à ma porte. Je ne voulais plus voir personne.
Heureusement la famille de mon fiancé défunt était là pour me soutenir et
m’apportée leur aide et en particulier son père. Il était naturel qu’il
m’apporta son appui et son soutien dans cette terrible tragédie. Nous avons
partagé dans nos cœurs un même deuil. Il était comme un second père pour moi.
Mon oncle ne m’avait-il pas dit de
lui faire confiance ?
Devant sa bonté et sa
sollicitude je lui dis. Je ne pouvais plus garder le silence plus longtemps.
J’étouffais. Il m’écouta silencieusement. Je lui appris que je t’avais vu sur
le lieu du crime. Tu avais tué mon oncle. J’avais tiré sur toi mais je t’avais
manqué. A ce moment là il me détrompa. On avait trouvé des traces de sang sur
le rebord de la fenêtre. Je me demandais si tu avais eu mal comme tu avais fait
mal à mon oncle mais cela n’avait plus d’importance désormais ce n’était plus à
moi de rendre justice mais à la police. Je n’avais plus la force de te courir
après, j’étais fatiguée, ma vengeance envers toi m’avait miné. Je lui indiquais
où te trouvais et comment.
De nos amours, de nos étreintes je ne dis rien, mes sentiments pour toi,
je les fis taire. Je n’avais plus rien à gagner, la seule chose que je
demandais désormais, c’était la paix.
Enfin ils sortirent. Je passais le reste de la soirée seule.
Je traversai la galerie menant à la bibliothèque. Les tableaux de mes
ancêtres étaient accrochés aux murs parmi eux se trouvait celui de mes parents.
J’entrais dans la bibliothèque le miroir me renvoya l’image d’une jeune fille
de dix-sept ans aux yeux rouge d’avoir trop pleurer. Mais maintenant c’était
fini, j’avais décidé d’être forte.
Je m’imprégnais de l’odeur de cette pièce qui m’avait tant fait rêver,
m’enivrant de son parfum et me noyant dans ses souvenirs. Mon oncle était
devenu mon tuteur, il m’avait aimé, choyé comme si j’étais sa propre fille. Il
m’appelait son trésor. Quand j’étais enfant,
j’adorais le rejoindre dans cette pièce et m’asseoir sur ses genoux sur
lesquels je m’endormais bercé par le doux chant de sa voix tandis qu’il me
racontait mon histoire préférée. A cette époque je la connaissais par cœur.
Je me dirigeais vers
les rayons de la bibliothèque, le livre était là à sa place. Je le pris. Comme
il était usé ! Le fauteuil était toujours là aussi. J’allais m’y installer et
ouvrit le livre. Je me réveillais quelques minutes plus tard. La fatigue
m’avait vaincu, je m’étais assoupie. Je décidai de reposer le livre. Je le
refermai et m’apprêtai à le remettre sur l’étagère lorsque quelque chose en
tomba. C’était une lettre. Elle était volumineuse.
Intriguée je l’ouvris. C’était l’écriture de mon oncle.
« Ma chère enfant
lorsque tu liras cette lettre je serais mort mais il y a tant de choses que
j’aurais aimé te dire, tant de choses que tu aurais dû savoir mais tu étais si
jeune, peut-être était-ce une faute de ma part. Je n’ai plus beaucoup de temps,
mais sache que je sais où tu t’es rendue. Auprès de l’assassin de ton fiancé. Un assassin qui
n’en ai pas un. Un homme que tu connais en plus. Si seulement nous avions pu
parler. Recherche un peu dans tes souvenirs, repense à l’enfant qui t’a donné
ce livre…. »
Je me souvenais en effet. Ce livre… C’était toi « Mon Assassin » qui me
l’avait donné. Comment en est-on arrivé là ? Comment ai-je pu t’oublier alors
que je t’aimais déjà du haut de mes six ans ? Je me souviens. Tu m’avais donné
ce livre pour mon anniversaire.
Voilà pourquoi je l’avais tant aimé.
Pourquoi ne m’as-tu rien dit alors ? Tant de choses auraient pu être
éviter, tant d’erreurs. Mes parents étaient morts assassiné en même temps que
les tiens alors qu’ils effectuaient un voyage d’affaire ensemble, trahi par
leur propre associé. Je croyais que tu m’avais tué mais la vérité c’était que
tu m’avais sauvé. Ce jour là, où nos parents ont trouvé la mort tu n’étais
qu’un enfant et tu me protégeais moi le bébé braillard que j’étais. Je ne t’ai
jamais remercié.
Tu t’es tût durant toutes ces années, veillant sur moi de loin et moi je
n’ai rien vu. Pourquoi, pourquoi, tant de sang versé ? La fortune a-t-elle une
si grande importance ?
Il ne m’a jamais aimé n’est-ce pas ? Il est inutile que je te le nomme.
Il désirait m’épouser seulement pour avoir ma fortune et mes titres. Son père
avait ordonné la mort de nos parents par une troupe de mercenaire pensant
pouvoir acquérir toute leur fortune mais ils avaient pris leur disposition en
nous nommant légataires universels. Alors ils avaient dû trouver un autre
moyen, un mariage. Ils pensaient que mon oncle n’était au courant de rien.
Je me souviens maintenant, tu as disparu peu après leur arrivée. Depuis
le début tu avais su qui ils étaient et ce qu’ils voulaient. Tu voulais te
vengeais d’eux mais ce n’était pas le moment.
Alors tu es partie, tu
m’as quitté et tu m’as oublié comme je t’ai oublié. Non, tu ne m’as pas oublié,
tu es revenu lorsque tu as entendu parler de mon prochain mariage. Tu as parlé
à mon oncle en secret pour le prévenir, lui il t’a crû. Et moi pourquoi ne
m’as-tu rien dit, pourquoi m’avoir caché tant de choses ? Maintenant il est
trop tard. Si tu étais resté à mes côtés peut-être que les choses auraient pris
une autre tournure mais on ne le saura
jamais n’est-ce pas ? Tu es revenu et sur les ordres de mon oncle tu as
accomplis ta vengeance, notre vengeance en tuant mon fiancé.
Mon oncle parlait de toi, c’était
à toi que je devais faire confiance et non à
mon beau-père comme je le pensai n’est-ce pas ? Comme j’ai été
sotte et cruelle envers toi.
Dis-moi était-ce seulement cela ou
y avait-il une autre raison à cet assassinat. «Mon Assassin » je crois que tu
resteras toujours mon assassin. Était-ce seulement pour te venger que tu l’as
tué ou pour une autre raison ? Était-ce par amour pour moi ?
Je sais je n’ai pas le droit de te poser cette question mais je voudrais
tant le savoir, bien que je n’aurais sans doute jamais la réponse. Dis-moi «
Mon Assassin » mon oncle t’a demandé de veiller sur moi lorsque je suis allée à
ta recherche, avais-tu prémédité ce qui
allait suivre ensuite ? Cette rencontre dans l’auberge ce n’était pas un
hasard, tu m’avais observais, guetter. Je me
rappelle ton regard moqueur, la façon dont tu m’avais défié lorsque je
n’avais pas pu payer Féliz. Mais, toi tu savais n’est-ce pas que je ne pourrais
pas la payer, tu savais que je n’allais pas la payer dés le départ.
« Mon Assassin », cette nuit là,
tu as bien murmuré mon nom n’est-ce pas ? Ce n’était pas un rêve. Sais-tu je ne
t’avais pas oublié ? Tu étais resté au fond de mon cœur, ton souvenir était
sacré pour moi. Mais tu étais parti sans rien dire, tel un voleur. Sans me dire
au revoir, ni adieu. Comme j’ai souffert lorsque tu es parti. J’étais toute
seule. Il n’y avait plus personne avec qui partagé mes joies, mes peines, mes
jeux d’enfant. Tu m’avais abandonné. Ton souvenir me faisait si mal que je
préférais t’oublier, te condamner.
Au moins la lettre de mon oncle aura été un soulagement pour moi. Tu
n’en devines pas la raison? L’amour que
j’éprouvais pour toi me peser tant. Aimer un assassin et celui de sa propre
famille était contre nature. Maintenant je peux te le dire franchement n’est-ce
pas ?
Je t’aime, je t’ai aimé il y a des années alors que nous étions des
enfants et que tu couvrais toutes mes bêtises, je t’ai aimé même si tu était mon souffre douleur et que
je me comportais comme une véritable peste avec toi, je t’ai aimé avec toute
mon innocence d’enfant. En fait je crois que c’est parce que je t’aimais que je
me permettais un tel comportement, tu étais toujours là pour me protéger, tout
comme aujourd’hui.
J’ai aimé l’assassin à la minute où mon regard a croisé le sien, tout
comme j’ai aimé l’inconnu rencontré dans une auberge une certaine nuit. Tant
d’identités pour une seule et même personne.
Cette nuit là, je n’étais pas
morte, j’avais ressuscité, j’allais avoir une nouvelle vie et je ne l’avais pas
compris, jusqu’à présent. Mais il est trop tard désormais.
J’ai été tellement stupide. Je me suis rendue à l’auberge. Féliz
m’appris que tu avais été arrêté pour le
meurtre de toutes ces femmes retrouvées mortes assassinées. C’était un leurre
n’est-ce pas ? Seulement un piège car ce qu’ils voulaient c’était moi et tu le
savais.
Voilà pourquoi tu voulais que je rentre chez moi. Ils étaient à la solde
du père de mon ex-fiancé. Ils voulaient me retrouver à tout prix.
Mais je savais où te trouver. Je t’ai trouvé les mains attachées, ils
t’avaient torturé pour te faire parler. A cause de moi, par ma faute ils
avaient su qui tu étais vraiment.
Ton regard lorsque tu me vis, me fit si mal ! Pour toi, je n’étais venu ici que pour prendre ma
revanche te regarder souffrir, te voir humilier. Même lorsque j’ouvrai ta cellule tu éprouvais de
la méfiance à mon égard. J’ai détaché tes liens en silence, me mordant les
lèvres pour ne pas crier, pour ne pas éclater en sanglots. Ton silence était
pour moi une condamnation encore plus dure que tout ce que j’aurais pu
imaginer. A tes yeux je m’étais vendue à l’ennemi et si je te délivrai ce
n’était seulement parce que j’éprouvais de la pitié pour toi. Une pitié que tu
ne désirais mais que tu étais obligé de saisir. Comme tu me haïssais ! Ton
regard exprimait une telle haine que je voulais le fuir tant il me crucifiait.
Il était inutile que je te pose la question n’est-ce pas ? A tes yeux
nous étions désormais ennemis. Tu ne m’aimais pas et la moindre parcelle
d’amour que tu avais pu éprouvé à mon égard s’était éteinte. Mon cœur saignait
et le silence glacial qui s’éternisait m’étouffer. Tu es parti sans un mot,
sans un regard pour moi, sans te retourner. Si tu l’avais fait tu aurais pu
voir mes larmes silencieuses coulées le long de mon visage. Je ne te revis
plus.
Me sauveras-tu ? Comme il y a seize ans…
Après ton départ je suis retourné au manoir. Ils étaient là, ils
m’attendaient. Mon ex beau père et mon fiancé qui était censé être mort. En
fait il n’était pas mort seulement gravement blessé. Ils n’avaient pas déclaré
forfait et comptaient arriver à leurs fins pour obtenir ma fortune. Le mariage serait célébré envers et contre tout.
Imagines-tu mon horreur. L’inconcevable. Il n’était plus qu’un demi homme à
moitié défiguré. Une plaie vivante. A travers le sourire qu’il me fit, je vis
sa folie, il aimait faire mal, il aimait faire souffrir, cet homme était fou.
Comment durant tous ces mois où nous étions fiancés n’avais-je pas pu remarquer
ce qu’il était réellement, quel fou il était ?
Demain je me marierais. Le mariage est parait-il un grand évènement pour
une femme. Pour moi il sera synonyme de
deuil et d’enterrement car demain je sais que je vais mourir une fois le
contrat de mariage signait. Il n y aura aucune raisons pour que je reste en
vie. Alors qu’en cet instant j’ai toutes les raisons de me battre pour le
rester. Je suis enceinte.
J’attends un enfant de toi mais, cet enfant ne naîtra jamais il mourra en
même temps que moi. Un enfant… c’est si
beau n’est-ce pas ? L’enfant de nos amours.
Cela fait des jours que j’écris cette lettre. La seule chose qu’il te
restera de moi si tu ne décides pas de la brûler. Ils me nourrissent à peine et
je suis sans cesse surveillée. Ils ont peur que je me suicide, que je commette
un geste inconsidéré. Alors je n’ai le droit à aucun objet tranchant.
Je suis parvenue à réutiliser la lettre que mon oncle m’avait écrite. Je
l’avais gardé sur moi et comme je n’ai pas eu l’occasion de changer de vêtement
alors, elle est toujours restée avec moi.
J’écris au dos des feuillets, j’espère seulement que tu pourra la lire.
L’encre rouge que j’utilise n’est franchement pas idéale je le sais, je suis
désolé. Mais je n’ai rien trouvé d’autre
que cet encre rouge sang qui s’écoule de mon bras blessé à mesure que mes
forces s’affaiblissent.
Je sais que je ne tiendrais pas longtemps. Mais il fallait que je
l’écrive, si tu la lit alors cela signifiera que la servante à qui je l’ai
confié a fait son travail. Paies-la bien.
Dans cette histoire, elle aussi a beaucoup souffert. Plus que nécessaire
même. Trop peu de serviteurs me sont restés fidèles depuis que j’ai été livré
aux tigres.
Auras-tu une pensée pour moi ? Je t’aime. Viendras-tu à mon mariage?
Me sauveras-tu comme il y a seize ans ?
Seras-tu mon prince charmant ?
Je crois que je n’ai plus rien à rajouter d’autres, je t’ai tout dit de
ce que je savais, je me suis dévoilé à toi entièrement. Tu resteras à jamais « Mon Assassin ».
Adieu il sera sans doute trop tard lorsque tu liras cette missive. Mais
j’espère que tu auras une pensée pour moi et que tu puisses me pardonner.
Je t’aime. Rayhanna.
Jamais mariée n’avait paru plus pâle. Je m’avançais lentement le long de
la nef, je jetais des regards perdus vers la porte. Mais tu n’es pas venu.
Désespérée
je m’avançais jusqu’au pied de l’autel. De toute façon personne ici ne
s’attendait à trouver une mariée aussi fraîche qu’une rose. Le Prêtre énonça
son long discours. Étrangement, nulle part n’est marqué le « et tu tueras ton épouse le jour de ses noces
pour avoir toute sa fortune ». C’était sans doute un oublie de leur part, mais
il faudrait un de ces jours le rectifiais.
- Mes frères, entonna le
prêtre, si il y a quelqu’un dans la salle qui est contre ce mariage qu’il parle
ou qu’il se taise à jamais.
Je
survolais l’assemblée du regard, personne n’était prêt à parler ou à prendre ma
défense. Je jetai un coup d’œil en
direction de la porte, elle demeurait close. Soudain, elle me parut immobile et
gigantesque comme si personne ne pourrait l’ouvrir un jour.
Bientôt
allait suivre l’échange des serments.
Je
répétais les mots du prêtre telle une somnambule.
- Moi j’accepte de te
prendre pour époux.
Chaque mot m’écorchait la langue. Les sourires d’encouragements
qu’il me lançait me donner envie de vomir. Comment avais-je pu croire que
j’aimais un tel homme. Je poursuivit malgré tout, un regard de mon futur
beau-père m’avait suffit.
- De te chérir, de t’ai….
J’étais
coincé, je n’en pouvais plus.
- Non ! Hurlais-je.
Le prêtre sursauta et me regarda ébahi, il croyait que je faisais
une crise d’angoisse.
- Mon enfant, commença
t-il mais il n’eut pas le temps de finir.
Mon beau-père s’avança derrière moi et me fit plier les jambes de
force. Je me retrouvais agenouiller face contre terre. Tout autour de moi,
personne ne disait mot. Il était l’autorité incontestée.
- Dis oui, menaça t-il.
- Jamais, croassais-je
difficilement. Je préfère mieux mourir.
- Ne t’inquiète pas, ton
vœu sera bientôt exaucer. Bénissez les mariés.
- Mais…, commença le
prêtre effrayé.
La porte vola en éclat. Toute une troupe de soldats entra dans la
salle.
- Il ne bénira rien du
tout.
Tu étais venu, tu
étais là j’aurais reconnu ta voix entre mille « Mon Assassin ».
La
salle se transforma en un véritable champ de bataille. Il y avait des duels de
tous les côtés. Je me faufilais à travers les duellistes pour me mettre à
l’abri mais dans ma fuite quelqu’un me saisit le bras.
- Tu bouges je te tues on
a une nuit de noce à terminer.
- Laisses-la tranquille
et bas-toi contre moi.
Le
fiancé ressuscité me poussa au loin.
J’admirais
« Mon Assassin » se battre en duel contre lui, tu contrais les passes
rapidement et le désarmais. Tu restais au-dessus de lui, le menaçant de ton
arme. Alors qu’il était à ta merci tu ne le touchais pas, tu le laissais vivre
- Tu n’en vaux même pas
la peine.
Tu hésitais à le tuer après tout le mal qui s’était passé. Ce fut
alors qu’un mouvement attira mon attention. Mon ex-beau père pointait une arme
sur l’homme que j'aimais. Il allait tirer. Je me précipitais pour m’interposer.
La douleur me coupa le souffle. Je m’écroulais entre tes bras « Mon
Assassin ». Je te souris.
- Je t’aime, soufflai-je
en te caressant le visage. Merci d’être
venu.
- Rayhanna, murmuras-tu avant de crier. RAYHANNA !
Le reste se perdit, je n’entendis plus rien. Mais je savais que tu étais
là et tu me protégerais. La princesse avait trouvé son prince. Ta douleur était
si forte, ta peine me faisait si mal. Sais- tu à quel point j’ai attendu ces
mots de ta part ? Il me semblait que cela faisait des années, des siècles, une
éternité.
Tu m’aimes envers et contre tout. Je croyais que tu ne viendrais pas, que
tu me haïssais, que tu préférais m’oublier comme moi je t’avais oublier. Alors
pourquoi vivre ?
Cette lettre que je t’ai envoyé comme dernière
preuve d’amour s’était ma vie que j’y gravais, mon amour pour toi que je
marquais. Avec mon sang. Mais tu es quand même venu alors que tu n’avais pas lu
la lettre. C’est pour moi et seulement pour moi que tu es venue. Tu as mis ton
orgueil de côté. Tu as vendu ton corps pour me protéger. C’était pour moi que
tu voyais toutes ces femmes. Pour me protéger et moi qui n’avais rien compris.
Quelle idiote j’ai été !
Honte ? Pourquoi dis-tu avoir éprouvé de la honte alors que moi je voyais
un homme fière se battre pour ce qu’il croyait juste ? Et je suis fière d’être
ta femme désormais et de me tenir à tes côtés. Tu m’as aimé. Oui tu m’as aimé
depuis que nous étions enfants et tu n’as pas cessé de m’aimer. Mon cœur chante
de joie devant cet aveu. J’avais peur, j’avais peur que ce ne fut pas le cas,
ou plus le cas. Sais-tu combien de fois j’ai rêvé d’entendre ces mots ? Des
milliards et aujourd’hui ils ont été dit. « Tu m’aimes ».
Je t’ai regardé dormir à mes côtés, tu veillais mon sommeil. Tu avais lu
la lettre qui gisait sur tes genoux. Je me demandais « Que vas-tu
penser ? ». Mais à ton réveil tu m’as simplement sourit, ce même
sourire que tu me donnais il y a des années de cela. Je me blottis contre toi.
Désormais tu serais toujours là à mes
côtés, tu me protégerais jusqu’à la fin de ma vie
Tu m’as demandé de continuer d’écrire la suite de ma lettre que tu as
découvert lorsque j’étais inconsciente. Alors voilà c’est fait, une nouvelle
page se tourne et je te dédis ces écrits avec tout mon amour.
Si seulement je t’avais comprise ! Tu m’as cru morte me
voilà à tes côtés encore. Et je te préviens, je risque de te rendre fou mais
cela tu le sais déjà mon cher duc… Non pas duc «Mon Assassin ». Voilà un titre
qui te vas beaucoup mieux, un titre que je t’ai choisi. Comme j’ai choisi de
mourir pour toi cette fois-ci. Par amour. Il parait que c’est dur de survivre
par amour, peut-être. Je ne sais pas. En tout cas je contemple le ciel et une
nouvelle aube est sur le point de naître. Une nouvelle vie s’offre à nous ! La
notre.
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire